LITTLE GIRL BLUE : Un fascinant documentaire pour soigner un mal de mère

Published: Nov. 16, 2023, 11:39 a.m.

25 caisses. C'est la somme de documents à propos de sa mère que Mona Achache stockait chez elle. 25 caisses de lettres, photos et enregistrements longtemps mises à distance. Pas tant parce qu'elles symbolisaient un deuil difficile (cette mère s'étant suicidée) que par habitude de la réalisatrice d'avoir refoulé une enfance malheureuse. Ce décès soudain a pourtant forcé Achache à se confronter au parcours d'une génitrice qui aura côtoyé un milieu artistique, notamment celui littéraire, de Duras à Genet, qui aura brisé ses propres élans, embarquée dans la vague post-68arde pour faire les frais de ses excès libertaires. Par ricochet de l'inconscient, sa fille pâtira d'un mal-être qui l'a contaminée à son tour. Pour ne pas perpétuer cet héritage ultra-névrosé, Achache a déballé ces caisses mais aussi ressuscité sa mère par procuration, en demandant à Marion Cotillard d'incarner, à partir de ces archives, sa parole, son corps, ses pensées, jusqu'à être un saisissant double. Envoûtant dialogue avec un spectre, "Little girl blue" filme ce processus pour le transcender non pas en thérapie personnelle, mais en portrait collectif d'une génération de femmes ayant souffert d'une absence de clés pour comprendre celle qui les a précédées. Ouvrant les doubles-fonds de tiroirs psys, cet inhabituel documentaire fascine autant par ce qu'il montre d'une actrice accouchant d'un personnage que dans sa part d'exorcisme résilient permettant à Achache de rompre avec un cycle de douleurs. Incroyablement émouvant dans sa démarche introspective, "Little Girl blue" l'est encore plus quand il reconstruit le puzzle d'une mère pour mieux rassembler les morceaux émancipateurs de sa fille.

En salles le 15 novembre.



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