EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE des Daniels

Published: Jan. 4, 2023, 2:07 p.m.

Ca y'est, c'est bon on en a fini avec 2022. Y compris du côté du cinéma ? Peut-être pas tout à fait. Si les chiffres officiels de fréquentations des salles françaises sont tombés via un rapport du CNC clôturant les comptes, il reste malgré tout des films sortis l'an dernier à rattraper ou à remettre en avant. Ce que permet l'avènement de la vidéo, leur offrant plusieurs vies. Ce qui tombe fort à propos pour Everything everywhere, all at once, opus délirant au minimum parce qu'il dote justement son personnage principal de vies aussi multiples que simultanées. Ça à l'air compliqué, comme ça, mais le film de Daniel Kwan et Daniel Scheinert, fusionnés sous le pseudonyme des Daniels est finalement très ancré dans son époque en incarnant pleinement le concept très tendance de multivers. Soit donc Evelyn, la patronne d'une laverie, qui alors qui en plus d'une crise familiale, d'un mari qui veut divorcer à un père qui lui reproche d'être une émigrante et d'un contrôle fiscal qui pourrait la mettre sur la paille, apprend qu'il existe plusieurs versions d'elle dans des réalités parallèles, qu'elle doit unir pour empêcher la destruction du monde. Soit un pitch totalement barré, quelque part entre Matrix et la série Rick et Morty, mais surtout une réalisation tout aussi démultipliée que son héroïne, combinant plusieurs registres du film de super-héros à la chronique de mœurs ou la comédie loufoque. 


Oh là, est-ce qu'a force donc de vouloir tout, partout et en même temps, ce film ne serait pas un peu too much ? 


C'est justement là où les Daniels impressionnent et imposent leur film comme un nouveau jalon d'un pop-culture globalisée. Everything everywhere all at once est effectivement plein comme un œuf. Mais avant tout d'idées hypercréatives, comme une scène de discussion muette entre Evelyn et sa fille ou un baston ou les combattant ont des saucisses géantes à la place des doigts. Le tout ayant des airs de brainstorming entre l'artisanat d'un Michel Gondry et la frénésie d'un Spike Jonze, ne craignant pas les digressions mais ne perdant jamais de vue un propos paradoxalement plus méditatif sur ce qu'est l'expérience de vivre dans un monde contemporain ou tout n'est que diversion pour détourner des valeurs existentielles. 

A l'heure où tout force à aller plus vite, pour un hypnotique zapping permanent ne laissant plus le temps de la réflexion, Everything Everywhere all at once rappelle à quel point nous vivons dans un leurre, une fuite de la réalité des choses. Les Daniels organisant ici une piqure de rappel en injectant peu à peu de la mélancolie dans leur chaos. Everything Everywhere all at once, muant ainsi en œil du cyclone par un discours in fine très Zen, posé au cœur d'un Big Bang tellurique, a l'image de son image récurrente, d'un tambour de machine à laver ou d'un donut philosophe, d'un monde qui tourne à toute allure au point de ne plus voir que si le sens de la vie est insondable, il reste immuablement son centre. 


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