CAITI BLUES de Justine Harbonnier

Published: July 19, 2023, 2:09 p.m.

Quelle distance y a-t-il entre Madrid, Nouveau-Mexique et New York ? Aucune idée. Caiti Lord n'en savait sans doute rien non plus quand elle décida de quitter la Grosse Pomme pour s'y installer. Au départ, elle visait plutôt San Francisco, mais elle s'est arrêtée en chemin. Un peu comme sa vie, entre ses multiples jobs de barman et d'animatrice radio. Mais ce qu'elle voudrait, c'est devenir chanteuse.


Justine Harbonnier fait le portrait de cette quasi-trentenaire, à partir d'allers-retours entre vidéos d'enfance et images de son présent. Plus encore qu'esquisser l'esprit bohème de Lord, convaincue de ses talents artistiques, mais contrecarrée par une précarité ordinaire, Caiti Blues part de ce cas singulier pour raconter la génération millenial, celle qui a découvert enfant devant sa télé l'effondrement des Twin Towers le 11 septembre 2001, avant de se prendre en pleine poire une récession, la montée en puissance de Trump, puis la pandémie Covid. Rien qui n'ait pourtant abattu l'envie de Caiti de faire des chansons, de se produire sur scène. Alors, elle compose et chante des morceaux aux airs de r'n'b. Pas celui d'aujourd'hui mais le Rythm and blues d'antan, ceux qui racontaient déjà les peines et les complaintes d'une Amérique prolo désabusée.


Lord les a juste adaptés à son monde et son époque. Celle où l'on gagne 4 $ de l'heure derrière un comptoir; où l'on n'a pas de quoi rembourser les emprunts nécessaires pour faire des études correctes. Harbonnier filme ce home movie à cette même hauteur, avec la même économie des films faits main, sans que cela donne pour autant un documentaire au rabais : Caiti Blues capte au plus près une réalité américaine. Pas forcément engluée dans la misère, quand l'entraide et la solidarité y sont souvent palpables. Mais, quels que soient les cahots, ici tourne le moteur de ces gens qui, comme Lord s'accrochent malgré tout à leur rêve de s'en sortir. À sa manière, Caiti Blues, met donc à jour ce qu'il reste du fameux « rêve américain ».


En salles le 19 juillet



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