Victor Hugo -Reveries - Yannick Debain

Published: Nov. 28, 2022, 10 p.m.

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N\\xe9 \\xe0 Besan\\xe7on, le 26 f\\xe9vrier 1802.

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Po\\xe8te pr\\xe9coce, il concourut pour le prix de po\\xe9sie \\xe0 l\\u2019Acad\\xe9mie \\xe0 l'\\xe2ge de 15 ans ; l'Acad\\xe9mie crut que le jeune po\\xe8te se moquait d'elle en donnant cet \\xe2ge et ne lui accorda qu'une mention ; laur\\xe9at des Jeux floraux de Toulouse en 1819 et 1820, il fut nomm\\xe9 ma\\xeetre \\xe8s Jeux floraux. Il publia le premier volume des Odes et Ballades en 1822 et le second en 1826 ; entre ces deux volumes avaient paru les deux premiers romans, Han d'Islande en 1823 et Bug Jargal en 1825, et le C\\xe9nacle s'\\xe9tait fond\\xe9. La Pr\\xe9face de Cromwell en 1827 fit de Victor Hugo le chef de la nouvelle \\xe9cole romantique ; les Orientales parurent en 1828. Louis XVIII avait pensionn\\xe9 le jeune po\\xe8te, et la censure ayant interdit Marion Delorme, le premier drame \\xe9crit en vue de la sc\\xe8ne, Charles X voulut l'indemniser en doublant le chiffre de sa pension, mais Victor Hugo refusa. Il \\xe9crivit alors Hernani, dont la premi\\xe8re repr\\xe9sentation au Th\\xe9\\xe2tre-Fran\\xe7ais, le 26 f\\xe9vrier 1830, fut une bataille entre les deux parties litt\\xe9raires et un triomphe pour les romantiques. Le Roi s'amuse, jou\\xe9 le 22 novembre 1832, fut interdit le lendemain ; un proc\\xe8s eut lieu devant le Tribunal de Commerce et l'auteur pronon\\xe7a un magnifique plaidoyer sur la libert\\xe9 du th\\xe9\\xe2tre.

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Coup sur coup, Victor Hugo publia des po\\xe9sies, un admirable roman et fit jouer des drames : Notre-Dame de Paris, son chef-d'\\u0153uvre en prose, en 1831, les Feuilles d'automne, m\\xeame ann\\xe9e, Lucr\\xe8ce Borgia et Marie Tudor, 1833, Angelo et les Chants du Cr\\xe9puscule, 1835, les Voix int\\xe9rieures, 1837, Ruy Blas, 1838, les Rayons et les Ombres, 1840, le Rhin, 1842, les Burgraves, 1843. La mort tragique de sa fille L\\xe9opoldine, noy\\xe9e \\xe0 Villequier avec Charles Vacquerie qu'elle venait d'\\xe9pouser, plongea le po\\xe8te dans une profonde douleur et le rendit muet pendant plusieurs ann\\xe9es. Nomm\\xe9 pair de France le 15 avril 1845, la politique le saisit : d\\xe9put\\xe9 \\xe0 la Constituante le 4 juin 1848, et r\\xe9\\xe9lu \\xe0 la L\\xe9gislative, il vota avec la droite dans la premi\\xe8re assembl\\xe9e et avec l'extr\\xeame gauche dans la deuxi\\xe8me, il combattit avec une ardeur passionn\\xe9e le prince-pr\\xe9sident et organisa la r\\xe9sistance contre le coup d\\u2019\\xc9tat du 2 d\\xe9cembre.

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Pendant ces cinq ann\\xe9es, il pronon\\xe7a de nombreux discours qui ont \\xe9t\\xe9 r\\xe9unis dans le premier volume d'Actes et Paroles, Avant l'Exil ; pendant les deux derni\\xe8res ann\\xe9es de cette p\\xe9riode, il fonda et dirigea l\\u2019\\xc9v\\xe9nement, qui devint, apr\\xe8s des poursuites et des condamnations, l\\u2019Av\\xe8nement ; il y d\\xe9fendit ses id\\xe9es politiques et litt\\xe9raires et s'y occupa souvent des actes de l'Acad\\xe9mie. Proscrit en 1851, il se r\\xe9fugia \\xe0 Jersey qu'il dut quitter en 1855 pour Guernesey o\\xf9 il resta quinze ans. Il fit para\\xeetre \\xe0 Bruxelles Napol\\xe9on le Petit en 1852 et les Ch\\xe2timents en 1853, \\xe0 Paris les Contemplations en 1856, la L\\xe9gende des Si\\xe8cles en 1859, qui fut compl\\xe9t\\xe9e plus tard, Les Mis\\xe9rables en 1862 qui eurent un grand retentissement, les Chansons des Rues et des Bois en 1865, Les Travailleurs de la Mer en 1866, L'Homme qui rit en 1869. Cette m\\xeame ann\\xe9e il collabora au nouveau journal que fond\\xe8rent ses fils avec Auguste Vacquerie et Paul Meurice, Le Rappel.

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Les d\\xe9sastres de la guerre de 1870 et la chute de l'Empire ramen\\xe8rent Victor Hugo \\xe0 Paris, o\\xf9 il trouva une popularit\\xe9 qui alla en grandissant jusqu'\\xe0 sa mort. D\\xe9put\\xe9 \\xe0 l'Assembl\\xe9e nationale, puis s\\xe9nateur de la Seine, il intervint souvent par des lettres et des discours dans les luttes politiques des premi\\xe8res ann\\xe9es de la troisi\\xe8me R\\xe9publique. En m\\xeame temps, il continuait la publication de ses chefs-d'\\u0153uvre : L'Ann\\xe9e Terrible parut en 1872, Quatre-vingt-treize en 1874, l'Histoire d'un Crime et l'Art d'\\xeatre Grand-P\\xe8re en 1877, puis la nouvelle s\\xe9rie de la L\\xe9gende des Si\\xe8cles et les Quatre Vents de l'Esprit ; la mort n'interrompit pas cette extraordinaire \\xe9closion : ses \\u0153uvres posthumes suffiraient \\xe0 immortaliser un po\\xe8te.

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Victor Hugo fit campagne en faveur de la candidature acad\\xe9mique de Lamartine en 1825 ; il fr\\xe9quenta le salon de Charles Nodier et cr\\xe9a le C\\xe9nacle. Candidat \\xe0 l'Acad\\xe9mie d\\xe8s 1836, il fut battu par Dupaty, Mignet et Flourens. Toute l'\\xe9nergie et toute la fureur des classiques se concentr\\xe8rent sur le nom de Victor Hugo, reconnu par tous comme le v\\xe9ritable chef de l'\\xe9cole romantique ; il fut enfin \\xe9lu le 7 janvier 1841 par 17 voix sur 32 votants, en remplacement de N\\xe9pomuc\\xe8ne Lemercier et re\\xe7u le 3 juin par le comte de Salvandy. Cette victoire, p\\xe9niblement obtenue, n'en consacra pas moins le triomphe du romantisme.

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Victor Hugo soutint la candidature d'Alfred de Vigny, de Balzac, d'Alexandre Dumas, d'Alfred de Musset, de B\\xe9ranger ; il re\\xe7ut Saint-Marc-Girardin et Sainte-Beuve. Alfred de Vigny s'\\xe9tant fait des ennemis \\xe0 l'Acad\\xe9mie fut presque mis en quarantaine ; Victor Hugo lui donna une preuve de sympathie et d'estime en refusant d'\\xeatre directeur, tant que durerait cet ostracisme.

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M\\xe9content de quelques-uns des choix que fit l'Acad\\xe9mie, le journal de Victor Hugo, L\\u2019\\xc9v\\xe9nement, attaqua souvent la Compagnie, et apr\\xe8s l'\\xe9lection de Nisard en 1850, il demanda que les \\xe9lections des acad\\xe9miciens fussent faites par la Soci\\xe9t\\xe9 des Gens de Lettres et la Soci\\xe9t\\xe9 des Auteurs dramatiques. Sa premi\\xe8re visite \\xe0 l'Acad\\xe9mie apr\\xe8s son retour d'exil fut pour donner sa voix \\xe0 Alexandre Dumas fils, \\xab n'ayant pu voter pour le p\\xe8re \\xbb, dit-il. Il vota pour Jules Simon qui fut \\xe9lu et pour Leconte de Lisle, qui ne fut nomm\\xe9 que pour le remplacer.

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Dans les derni\\xe8res ann\\xe9es de sa vie et apr\\xe8s sa mort, de grands honneurs lui furent rendus, tant par le peuple que par le monde litt\\xe9raire et les pouvoirs publics.

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Le cinquantenaire d'Hernani fut c\\xe9l\\xe9br\\xe9 avec \\xe9clat \\xe0 la Com\\xe9die Fran\\xe7aise ; une grande manifestation fut organis\\xe9e \\xe0 l'occasion de l'entr\\xe9e du po\\xe8te dans sa quatre-vingti\\xe8me ann\\xe9e, le 26 f\\xe9vrier 1881. \\xc0 l'occasion de sa mort, l'\\xe9glise Sainte-Genevi\\xe8ve (Panth\\xe9on) fut d\\xe9saffect\\xe9e et rendue \\xe0 la s\\xe9pulture des grands hommes ; ses fun\\xe9railles nationales se d\\xe9roul\\xe8rent au milieu d'un immense concours de peuple, avec tous les honneurs civils et militaires que le gouvernement pouvait lui rendre ; son corps reposa trois jours sous l'Arc de Triomphe, gard\\xe9 la nuit par des cuirassiers porteurs de torches.

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Le centenaire de sa naissance fut c\\xe9l\\xe9br\\xe9 avec \\xe9clat ; il comporta entre autres c\\xe9r\\xe9monies l'inauguration du monument \\xe9lev\\xe9 \\xe0 sa gloire et l'inauguration du Mus\\xe9e Victor-Hugo install\\xe9 dans la maison de la place des Vosges o\\xf9 le po\\xe8te avait \\xe9crit d'immortels chefs-d'\\u0153uvre, alors qu'elle s'appelait Place Royale. Il l\\xe9gua \\xe0 la Biblioth\\xe8que nationale ses manuscrits et ses dessins.

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Il est mort le 22 mai 1885, doyen de l\\u2019Acad\\xe9mie.

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