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I- L\'Art po\\xe9tique, la synth\\xe8se d\'une exp\\xe9rience
\\nRegard port\\xe9\\xe0 posteriori, l\'Art po\\xe9tique se singularise par une triple exigence, "de la musique avant toute chose", "et pour cela pr\\xe9f\\xe8re l\'impair" "car nous voulons la Nuance encor".
- Pourquoi la pr\\xe9f\\xe9rence de l\'impair
\\nC\'est une caract\\xe9ristique de la po\\xe9sie Verlainienne d\\xe9j\\xe0 pr\\xe9sente d\\xe8s les Po\\xe8mes saturniens. On trouve des po\\xe8mes rythm\\xe9s de cinq ou sept syllabes tant\\xf4t en isom\\xe9trie, tant\\xf4t en h\\xe9t\\xe9rom\\xe9trie (alternance de m\\xe8tres pairs et impairs) comme dans chanson d\'automne (4/3). Verlaine justifie

II- L\'Art po\\xe9tique, th\\xe9orie et pratique
\\nL\'Art po\\xe9tique ne se contente pas d\'\\xe9noncer un certains nombre de pr\\xe9ceptes mais il les met en musique et les illustre par le biais du rythme, des sonorit\\xe9s, du lexique et de la rime.
- Un po\\xe8me didactique
\\nVerlaine \\xe9num\\xe8re un certain nombre der\\xe8gles, " De la musique avant toute chose", " pr\\xe9f\\xe8re l\'impair ", " l\'ind\\xe9cis au pr\\xe9cis", " De la musique encore et toujours ".
- Une \\u0153uvre pol\\xe9mique
\\nEn dehors de la le\\xe7on de po\\xe9sie, c\'est un texte pol\\xe9mique \\xe0 travers les strophes V, VI, VII qui attaque la po\\xe9sie spirituelle du des XVIIe et XVIIIe, la po\\xe9sie romantique du XIXe et la po\\xe9sie parnassienne. Verlaine tourne en d\\xe9rision les effusions lyriques d\'un Lamartine ou d\'un Musset et la po\\xe9sie parnassienne \\xe0 travers l\'un de ses principaux repr\\xe9sentants, Th\\xe9ophile Gautier. A la pr\\xe9cision de la couleur d\'un Gautier, Verlaine pr\\xe9f\\xe8re le contraste, la demi-teinte. Verlaine estompe les formes et les couleurs, privil\\xe9giant le flou seul capable de susciter toutes sortes de confusions.
- Un exercice de style
. L\'impair
\\nDans son po\\xe8me, l\'Art po\\xe9tique Verlaine met en \\u0153uvre les principes qu\'il \\xe9nonce. Le po\\xe8me se scande en 4/5, " de la musique avant toute chose " mais aussi en 3/6 , " ce ton vers soit la chose envol\\xe9e ", en 2/4/3, "Plus vague et plus soluble que l\'air " ou 1/3/5. C\'est un \\xe9quilibre instable qui s\'apparente \\xe0 un faux pas perp\\xe9tuel
. La rime
\\nSi Verlaine conserve la rime, il ne la place pas au dessus de tout. Si la rime est, pour lui, une parure n\\xe9cessaire dont on ne peut se passer, on ne doit pas en abuser. Il affaiblit son effet d\'\\xe9cho trop r\\xe9p\\xe9titif par des assonances et des allit\\xe9rations qui r\\xe9partissent les \\xe9chos phoniques \\xe0 l\'int\\xe9rieur des vers, " Plus vague et plus soluble que l\'air ", allit\\xe9rations en l et pl, " Par un ciel d\'automne atti\\xe9di, assonance en ie. La rime n\'est plus qu\'un des multiples \\xe9l\\xe9ments sonores dont il dispose pour traduire ses impressions.
. La m\\xe9prise
\\nL\'art de la m\\xe9prise consiste \\xe0 cr\\xe9er une confusion dans le langage, de fa\\xe7on \\xe0 m\\xealer \\xe9troitement le dit et le non dit. Dans" la nuance fiance le r\\xeave au r\\xeave et la fl\\xfbte au cor " la substitution defiance \\xe0 unir fait basculer le vers dans un registre amoureux charg\\xe9 de douceur.

III- Art po\\xe9tique ou m\\xe9prise ?
\\nTous ces conseils paraissent bien inapplicables car ils se r\\xe9f\\xe8rent \\xe0 un \\xe9tat d\'\\xe2me particulier, celui de Verlaine. On aurait tort d\'y voir une sorte de mod\\xe8le pr\\xeat \\xe0 l\'emploi que Verlaine aurait syst\\xe9matiquement appliqu\\xe9. Il ne s\'agit en aucun cas d\'un testament car il y eu au moins quatre \\xe0 cinq Arts po\\xe9tiques chez Verlaine, tant\\xf4t faisant sienne des th\\xe9ories parnassiennes ou celles plus proches de l\'\\xe9cole romane.

Conclusion
\\nL\'Art po\\xe9tique n\'est pas un trait\\xe9 de po\\xe9tique mais plut\\xf4t un bilan, un regard port\\xe9 sur une esth\\xe9tique en \\xe9volution constante. C\'est un trait\\xe9 trop marqu\\xe9 par la personnalit\\xe9 de Verlaine, par son style pour \\xeatre impassible et faire figure d\'Art po\\xe9tique. L\'Art po\\xe9tique est la po\\xe9sie de l\'\\xe9ph\\xe9m\\xe8re \\xe0 l\'oppos\\xe9 de tout dogmatisme.