30 - LE MOT DU MATIN- Michel Audiard - Yannick Debain.

Published: Nov. 27, 2022, 1 a.m.

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Michel Audiard est n\\xe9 \\xe0 Paris, dans le 14e arrondissement, qu\\u2019il ne quittera jamais vraiment. Il arr\\xeate les \\xe9tudes apr\\xe8s le certificat d\\u2019\\xe9tudes et passe son temps \\xe0 d\\xe9vorer les grands classiques comme Zola et Balzac, dont il a d\\xe9j\\xe0 tout lu 14 ans ! Le v\\xe9lo est sa seconde passion, et lors de la Seconde Guerre mondiale, il participe \\xe0 l\\u2019exode sur deux roues. Il est vite ramen\\xe9 \\xe0 Paris, o\\xf9 les privations de l\\u2019occupation allemande sont pour lui une \\xe9preuve insupportable. A la Lib\\xe9ration, il rentre au journal L\\u2019\\xe9toile du soir, dans lequel il tient une chronique, puis devient critique cin\\xe9ma.

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En 1949, Andr\\xe9 Hunebelle lui propose de sc\\xe9nariser un film policier : Mission \\xe0 Tanger, puis d\\u2019autres propositions suivent rapidement : Le Passe-muraille (1951) ou L\' Ennemi public N\\xb01 (1953), et les dialogues font mouche aupr\\xe8s des critiques comme du public. Le style Audiard est un m\\xe9lange de langage imag\\xe9 entendu dans la rue ou dans les bistrots du 14e arrondissement et de sa culture litt\\xe9raire. Les personnages qui "parlent l\'Audiard" s\'embarquent dans des tirades qui m\\xealent argot, humour moqueur et p\\xe9riphrases pour la plus grande joie de ses interpr\\xe8tes et du public.

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Dans les ann\\xe9es 50 et 60, l\'auteur est omnipr\\xe9sent sur les \\xe9crans, signant de son nom ou aidant anonymement un ami sc\\xe9nariste en panne d\'inspiration. La com\\xe9die et le film policier sont ses genres de pr\\xe9dilection, et ses sujets de sc\\xe9narios sont r\\xe9guli\\xe8rement issus de ses lectures. Une rencontre va \\xeatre d\\xe9terminante pour sa carri\\xe8re, celle de Gilles Grangier. Alors qu\\u2019ils viennent de terminer Poisson d\'avril (1964), les deux hommes travaillent ensuite sur Gas-oil (1955), qui marque la rencontre entre Audiard et Gabin.

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Fut\\xe9, le premier comprend vite que le second est l\\u2019homme qui lui manquait pour ass\\xe9ner des dialogues tir\\xe9s au cordeau. S\\u2019ensuit une collaboration de 17 films entre les deux hommes, tous des succ\\xe8s populaires comme Le Cave se rebiffe (1961) ou Un Singe en hiver (1962). Le triomphe arrive avec Les Tontons flingueurs (1963) dont Audiard signe les dialogues. D\\xe8s lors, les classiques s\\u2019enchainent : Les Barbouzes, Cent mille dollars au soleil (1964), La M\\xe9tamorphose des cloportes (1965).

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D\\xe8s lors, la r\\xe9putation d\'Audiard d\\xe9passe celle des metteurs en sc\\xe8ne pour qui il travaille, et parfois m\\xeame, il les efface. Alors m\\xeame qu\'il n\'est que dialoguiste, on l\'assimile parfois au sc\\xe9nariste du film. Sur les affiches des films auxquels il collabore dans les ann\\xe9es 60-70, la taille de son nom d\\xe9passe parfois celui du r\\xe9alisateur. L\'id\\xe9e de passer derri\\xe8re la cam\\xe9ra commence alors \\xe0 l\'effleurer, et en 1968, il signe sa premi\\xe8re r\\xe9alisation : Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. C\\u2019est la naissance des titres \\xe0 rallonge chers \\xe0 Audiard, et d\\u2019une carri\\xe8re riche de huit films, dont Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques et Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! (1970). Parmi ses acteurs f\\xe9tiches Bernard Blier, Andr\\xe9 Pousse, Michel Serrault, Jean Carmet, Mireille Darc ou Annie Girardot. Il cessera la direction d\\u2019acteurs en 1974, apr\\xe8s la perte d\\u2019un de ses fils, Fran\\xe7ois, qui se destinait lui aussi \\xe0 la r\\xe9alisation.

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Apr\\xe8s ce drame, Audiard se fait plus rare, mais reprend son m\\xe9tier de dialoguiste au service de la nouvelle g\\xe9n\\xe9ration, notamment Jean-Paul Belmondo. Ainsi, il signe des tirades mythiques dans L\' Incorrigible, Le Corps de mon ennemi (1975), L\' Animal (1977), Le Guignolo (1980) ou Le Professionnel (1981). L\\u2019\\u0153uvre d\\u2019Audiard se fait parfois plus sombre, comme pour Garde \\xe0 vue (1981), pour lequel il re\\xe7oit le C\\xe9sar du meilleur sc\\xe9nariste, ou encore Mortelle randonn\\xe9e (1983) de Claude Miller.

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Audiard \\xe9crit \\xe9galement. Il avait r\\xe9dig\\xe9 des polars dans les ann\\xe9es 50 et r\\xe9dige en 1978 "La nuit, le jour et toutes les autres nuits", roman un peu autobiographique, pour lequel il re\\xe7oit le prix des Quatre jurys. Il collabore \\xe0 certains sc\\xe9narii avec son fils Jacques , devenu lui aussi r\\xe9alisateur. Son dernier sc\\xe9nario sera celui de La Cage aux folles III, r\\xe9alis\\xe9 par Georges Lautner. Michel Audiard s\\u2019\\xe9teint en 1985, \\xe0 l\\u2019\\xe2ge de 65 ans

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