26 - LE MOT DU MATIN - Corneille - Yannick Debain.

Published: Dec. 24, 2022, 1 a.m.

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Pierre Corneille, aussi appel\\xe9 le Grand Corneille ou Corneille l'a\\xeen\\xe9, n\\xe9 le 6 juin 16061 \\xe0 Rouen et mort le 1er octobre 16842 \\xe0 Paris (paroisse Saint-Roch), est un dramaturge et po\\xe8te fran\\xe7ais du xviie si\\xe8cle.

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Issu d'une famille de la bourgeoisie de robe, Pierre Corneille, apr\\xe8s des \\xe9tudes de droit, occupa des offices d'avocat \\xe0 Rouen tout en se tournant vers la litt\\xe9rature, comme bon nombre de dipl\\xf4m\\xe9s en droit de son temps. Il \\xe9crivit d'abord des com\\xe9dies comme M\\xe9lite, La Place royale, et des tragi-com\\xe9dies comme L'Illusion comique (1636), Clitandre (vers 1630) et en 1637, Le Cid, qui fut un triomphe, malgr\\xe9 les critiques de ses rivaux et des th\\xe9oriciens. Il avait aussi donn\\xe9 d\\xe8s 1634-35 une trag\\xe9die mythologique (M\\xe9d\\xe9e), mais ce n'est qu'en 1640 qu'il se lan\\xe7a dans la voie de la trag\\xe9die historique \\u2014 il fut le dernier des po\\xe8tes dramatiques de sa g\\xe9n\\xe9ration \\xe0 le faire \\u2014, donnant ainsi ce que la post\\xe9rit\\xe9 consid\\xe9ra comme ses chefs-d\\u2019\\u0153uvre : Horace, Cinna, Polyeucte, Rodogune, H\\xe9raclius et Nicom\\xe8de.

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D\\xe9\\xe7u par l'accueil rencontr\\xe9 par Pertharite (1652, pendant les troubles de la Fronde), au moment o\\xf9 le d\\xe9but de sa traduction de L'Imitation de J\\xe9sus-Christ connaissait un extraordinaire succ\\xe8s de librairie, il d\\xe9cida de renoncer \\xe0 l'\\xe9criture th\\xe9\\xe2trale et acheva progressivement la traduction de L'Imitation. Plusieurs de ses confr\\xe8res, constatant \\xe0 leur tour que la Fronde avait occasionn\\xe9 un rejet de la trag\\xe9die historique et politique, renonc\\xe8rent de m\\xeame \\xe0 \\xe9crire des trag\\xe9dies ou se concentr\\xe8rent sur le genre de la com\\xe9die. Tent\\xe9 d\\xe8s 1656 de revenir au th\\xe9\\xe2tre par le biais d'une trag\\xe9die \\xe0 grand spectacle que lui avait command\\xe9e un noble normand (La Conqu\\xeate de la Toison d'or, cr\\xe9\\xe9e \\xe0 Paris six ans plus tard fut l'un des plus grands succ\\xe8s du si\\xe8cle), occup\\xe9 les ann\\xe9es suivantes \\xe0 corriger tout son th\\xe9\\xe2tre pour en publier une nouvelle \\xe9dition accompagn\\xe9e de discours critiques et th\\xe9oriques, il c\\xe9da facilement en 1658 \\xe0 l'invitation du surintendant Nicolas Fouquet et revint au th\\xe9\\xe2tre au d\\xe9but de 1659 en proposant une r\\xe9\\xe9criture du sujet-phare de la trag\\xe9die, \\u0152dipe. Cette pi\\xe8ce fut tr\\xe8s bien accueillie et Corneille encha\\xeena ensuite les succ\\xe8s durant quelques ann\\xe9es, mais la faveur grandissante des trag\\xe9dies o\\xf9 dominait l'expression du sentiment amoureux (de Quinault, de son propre fr\\xe8re Thomas, et enfin de Jean Racine) rel\\xe9gua ses cr\\xe9ations au second plan. Il cessa d'\\xe9crire apr\\xe8s le succ\\xe8s mitig\\xe9 de Sur\\xe9na en 1674. La tradition biographique des xviiie et xixe si\\xe8cles a imagin\\xe9 un Corneille confront\\xe9 \\xe0 des difficult\\xe9s mat\\xe9rielles durant ses derni\\xe8res ann\\xe9es, mais tous les travaux de la deuxi\\xe8me moiti\\xe9 du xxe si\\xe8cle r\\xe9v\\xe8lent qu'il n'en a rien \\xe9t\\xe9 et que Corneille a achev\\xe9 sa vie dans une confortable aisance3.

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Son \\u0153uvre, 32 pi\\xe8ces au total, est vari\\xe9e : \\xe0 c\\xf4t\\xe9 de com\\xe9dies proches de l'esth\\xe9tique baroque, pleines d'invention th\\xe9\\xe2trale comme L'Illusion comique, Pierre Corneille a su donner une puissance \\xe9motionnelle et r\\xe9flexive toute nouvelle \\xe0 la trag\\xe9die moderne, apparue en France au milieu du xviie si\\xe8cle. Aux prises avec la mise en place des r\\xe8gles classiques, il a marqu\\xe9 de son empreinte le genre par les hautes figures qu'il a cr\\xe9\\xe9es : des \\xe2mes fortes confront\\xe9es \\xe0 des choix moraux fondamentaux (le fameux \\xab dilemme corn\\xe9lien \\xbb) comme Rodrigue qui doit choisir entre amour et honneur familial, Auguste qui pr\\xe9f\\xe8re la cl\\xe9mence \\xe0 la vengeance ou Polyeucte plac\\xe9 entre l'amour humain et l'amour de Dieu. Si les figures des jeunes hommes pleins de fougue (Rodrigue, le jeune Horace) s'associent \\xe0 des figures de p\\xe8res nobles (Don Di\\xe8gue ou le vieil Horace), les figures masculines ne doivent pas faire oublier les personnages f\\xe9minins vibrant de sentiments comme Chim\\xe8ne dans Le Cid, Camille dans Horace ou Cl\\xe9op\\xe2tre, reine de Syrie, dans Rodogune. Aussi marqu\\xe9e par la puissance d'un alexandrin rythm\\xe9 qui donne de c\\xe9l\\xe8bres morceaux de bravoure (monologue de Don Di\\xe8gue dans Le Cid, impr\\xe9cations de Camille dans Horace) et la force de maximes \\xe0 certaines paroles (\\xc0 vaincre sans p\\xe9ril, on triomphe sans gloire, Le Cid, II, 2 - Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi, dernier vers du Cid - Je suis ma\\xeetre de moi comme de l'univers, Cinna, V, 3 - Dieu ne veut point d'un c\\u0153ur o\\xf9 le monde domine Polyeucte, I, 1).

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Le th\\xe9\\xe2tre de Pierre Corneille fait ainsi \\xe9cho aux tournures du Grand Si\\xe8cle dont il refl\\xe8te aussi les valeurs comme l'honneur et les grandes interrogations, sur le pouvoir par exemple (contexte de la mort de Richelieu et de Louis XIII), la question de la guerre civile dans La Mort de Pomp\\xe9e (1643), ou la lutte pour le tr\\xf4ne dans Nicom\\xe8de (1651, dans le contexte de la Fronde). Aujourd'hui, il compte parmi l'un des auteurs les plus jou\\xe9s et par ailleurs, l'une des r\\xe9f\\xe9rences de la litt\\xe9rature universelle

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