14 - LE MOT DU MATIN -Charlotte Bronte - Yannick Debain.

Published: Nov. 28, 2022, midnight

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Charlotte Bront\\xeb [\\u02c8\\u0283\\u0251\\u02d0l\\u0259t \\u02c8b\\u0279\\u0252nte\\u026a], n\\xe9e le 21 avril 1816 \\xe0 Thornton (comt\\xe9 d'Adams) et morte le 31 mars 1855 \\xe0 Haworth (comt\\xe9 de Bergen), est une romanci\\xe8re anglaise.

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Troisi\\xe8me fille du r\\xe9v\\xe9rend Patrick Bront\\xeb, au sein d'une famille de condition modeste qui compte six enfants, elle b\\xe9n\\xe9ficie, comme ses quatre s\\u0153urs et son fr\\xe8re, de la pr\\xe9sence d'un p\\xe8re qui a pouss\\xe9 ses \\xe9tudes classiques jusqu'\\xe0 l'universit\\xe9 de Cambridge, et n'h\\xe9site pas \\xe0 leur transmettre sa culture et sa vision du monde.

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Elle conna\\xeet cependant tr\\xe8s t\\xf4t, alors qu'elle est encore tout enfant, le deuil de sa m\\xe8re, puis de ses deux s\\u0153urs a\\xeen\\xe9es, frapp\\xe9es par la tuberculose.

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Malgr\\xe9 sa condition de femme et son absence de moyens financiers, elle r\\xe9ussit \\xe0 publier ses po\\xe8mes et ceux de ses s\\u0153urs (sous des noms masculins), en 1846, et surtout, \\xe0 publier son \\u0153uvre principale Jane Eyre, devenu un grand classique de la litt\\xe9rature anglaise et mondiale, ayant \\xe9galement laiss\\xe9 une empreinte importante dans l'histoire culturelle en \\xe9tant adapt\\xe9 au cin\\xe9ma \\xe0 plusieurs reprises.

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Elle na\\xeet \\xe0 Thornton o\\xf9 son p\\xe8re, Patrick Bront\\xeb, est pasteur. Sa m\\xe8re meurt d'un cancer de l'estomac le 15 septembre 18212.

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En 1824, pour assurer leur \\xe9ducation, les quatre filles a\\xeen\\xe9es sont envoy\\xe9es \\xe0 l'\\xe9cole de Cowan Bridge, \\xe9tablissement recevant les enfants des membres du clerg\\xe9 peu fortun\\xe9, qui avait \\xe9t\\xe9 recommand\\xe9 \\xe0 M. Bront\\xeb.

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Dans cette \\xe9cole, pourtant de bonne r\\xe9putation, les conditions de vie sont difficiles, sans chauffage, avec une maigre nourriture pr\\xe9par\\xe9e sans aucune hygi\\xe8ne, et presque immangeable. L'ann\\xe9e suivante, Maria et Elizabeth tombent gravement malades et en sont retir\\xe9es, mais d\\xe9c\\xe8dent peu apr\\xe8s \\xe0 quelques semaines d'intervalle, le 6 mai et le 15 juin 18255 ; Charlotte et Emily, enlev\\xe9es elles aussi \\xe0 ce lieu malsain, retournent \\xe0 Haworth.

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La perte de leurs deux s\\u0153urs sera pour les quatre enfants un traumatisme qui transpara\\xeet notamment dans l'\\u0153uvre de Charlotte, par exemple dans Jane Eyre o\\xf9 Cowan Bridge devient Lowood, la figure path\\xe9tique de Maria est repr\\xe9sent\\xe9e sous les traits de la jeune Helen Burns, la cruaut\\xe9 d'une ma\\xeetresse, Miss Andrews, sous ceux de Miss Scatcherd et la tyrannie du directeur, le R\\xe9v\\xe9rend Carus Wilson, sous ceux de l'odieux et suffisant M. Brocklehurst.

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Ellen Nussey, la grande amie de Charlotte, vers 1855, \\xe0 l'\\xe9poque de la mort de cette derni\\xe8re.

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Charlotte se retrouve alors l'a\\xeen\\xe9e des quatre enfants survivants. Les autres sont Branwell, Emily et Anne. D\\xe9sormais, les enfants seront \\xe9lev\\xe9s par leur tante maternelle Elizabeth Branwell, figure un peu myst\\xe9rieuse qui n'aura pas une grande influence sur Charlotte et Emily. Mais surtout, une v\\xe9ritable symbiose litt\\xe9raire et familiale va se cr\\xe9er entre les enfants.

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En effet, stimul\\xe9s par la lecture du Blackwood's Magazine que re\\xe7oit leur p\\xe8re, Charlotte et Branwell entament avec Emily et Anne une collaboration litt\\xe9raire intense autour d'un pays imaginaire, la conf\\xe9d\\xe9ration de Glass Town, cr\\xe9ant une quantit\\xe9 fabuleuse de r\\xe9cits, de pi\\xe8ces de th\\xe9\\xe2tre, de journaux, de po\\xe8mes \\xe9crits en caract\\xe8res minuscules. Ils peuplent ce monde d'une foule de personnages, tels que le comte de Northangerland (le cruel et perfide Alexander Rogue), ou le grand peintre Sir Edward de Lisle. C'est l'occasion pour les quatre enfants d'\\xe9changes d'id\\xe9es et de connaissances intenses, et d'une stimulante rivalit\\xe9 intellectuelle.

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Puis Charlotte est envoy\\xe9e une nouvelle fois en pension, en 1831, mais cette fois dans un \\xe9tablissement de qualit\\xe9, chez Miss Wooler, o\\xf9 elle nouera deux amiti\\xe9s durables, avec Ellen Nussey et Mary Taylor.

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L'entr\\xe9e dans la vie professionnelle est difficile. Hant\\xe9e par le besoin d'\\xe9crire, elle parvient \\xe0 peine \\xe0 remplir ses fonctions d'institutrice dans son ancien pensionnat, puis de gouvernante chez des particuliers.

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Des tentatives de contact avec d'autres \\xe9crivains, notamment Robert Southey qui lui d\\xe9conseille l'\\xe9criture parce qu'elle est une femme, ne portent gu\\xe8re de fruits.

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Un jour, en 1845, Charlotte d\\xe9couvre par hasard des textes d'Emily. \\xc9blouie par leur qualit\\xe9, elle propose \\xe0 ses s\\u0153urs de publier un volume collectif qui para\\xeetra sous le titre Poems by Currer, Ellis and Acton Bell (1846). Les trois s\\u0153urs se mettent alors \\xe0 des romans. Ceux d'Anne et Emily, Agnes Grey et Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights), sont accept\\xe9s par un \\xe9diteur, mais non le r\\xe9cit de Charlotte, The Professor. En revanche, son deuxi\\xe8me roman, Jane Eyre, publi\\xe9 en 1847 sous le pseudonyme de Currer Bell, fait sensation. H\\xe9ritier de la tradition du roman gothique, ce r\\xe9cit \\xe0 la premi\\xe8re personne scandalise certains par l'affirmation de soi et la d\\xe9termination de l'h\\xe9ro\\xefne - on est en pleine \\xe9poque victorienne - mais son style somptueux, \\xe0 la fois passionn\\xe9 et parfaitement ma\\xeetris\\xe9, en fera un immense best-seller. Elle entame alors un troisi\\xe8me roman, Shirley.

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Entre-temps, son fr\\xe8re Branwell est devenu alcoolique et opiomane, addictions qu'une d\\xe9ception amoureuse ne fait qu'aggraver, et meurt de tuberculose en septembre 1848. Emily d\\xe9c\\xe8de aussi quelques semaines plus tard, en d\\xe9cembre de la m\\xeame ann\\xe9e, apr\\xe8s avoir pris froid et refus\\xe9 de se soigner. Moins r\\xe9tive aux soins, Anne ne tardera pourtant pas \\xe0 mourir de la m\\xeame maladie en mai 1849.

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Commence alors une p\\xe9riode de calvaire pour Charlotte. Elle termine tant bien que mal Shirley tout en luttant contre une d\\xe9pression atroce. Ses horizons s'\\xe9largissent n\\xe9anmoins \\xe0 pr\\xe9sent qu'elle n'est plus tenue de respecter l'anonymat qu'elle avait jur\\xe9 \\xe0 Emily. Soutenue par son \\xe9diteur George Smith, elle fait la connaissance du Tout-Londres litt\\xe9raire et noue de solides amiti\\xe9s avec ses pairs, notamment sa future biographe Elizabeth Gaskell.

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Shirley a souffert des conditions dans lesquelles il a \\xe9t\\xe9 \\xe9crit. Les deux h\\xe9ro\\xefnes se transforment en portraits id\\xe9alis\\xe9s des s\\u0153urs de Charlotte, et le r\\xe9cit ne cesse de vaciller entre le r\\xe9alisme social et un romantisme aussi \\xe9chevel\\xe9 mais beaucoup moins convaincant que celui de Jane Eyre. Charlotte retrouve une veine plus conforme \\xe0 son talent avec Villette, publi\\xe9 en 1853, fond\\xe9 sur ses exp\\xe9riences bruxelloises et consid\\xe9r\\xe9 par certains comme son chef-d'\\u0153uvre.

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