Socialisation : sous-groupes chez les filles de 6 ans

Published: April 29, 2021, 7:49 a.m.

b'La relation d\'amiti\\xe9 offre un contexte tr\\xe8s riche de socialisation. Elle constitue l\'aspect le plus visible des relations avec les pairs pour l\'enfant et le prot\\xe8ge des exp\\xe9riences interpersonnelles n\\xe9gatives (Poulin, 2012). De m\\xeame, avoir des amis augmente la confiance en soi, favorise la r\\xe9ussite scolaire (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009) et diminue les risques d\'\\xeatre victime de mauvais traitements ou d\'\\xeatre rejet\\xe9 par les pairs (Poulin, 2012). On peut facilement d\\xe9duire l\'importance accord\\xe9e aux amis \\xe0 partir de certaines conduites des enfants, comme le fait de chercher son ami dans la cour de r\\xe9cr\\xe9ation, de le choisir pour des activit\\xe9s ou de le consulter quant au comportement \\xe0 avoir avec d\'autres enfants (Briand-Malenfant, 2016). Les enfants qui commencent l\'\\xe9cole voient la loyaut\\xe9, la confiance et l\'entraide comme des aspects importants de l\'amiti\\xe9 (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009), laquelle s\'appuie alors davantage sur la notion de r\\xe9ciprocit\\xe9 : on attend d\'un ami qu\'il partage les choses \\xe9quitablement et qu\'il soit sensible \\xe0 nos sentiments (Poulin, 2012). Certaines recherches montrent d\'ailleurs que l\'amiti\\xe9 est associ\\xe9e au d\\xe9veloppement de l\'habilet\\xe9 \\xe0 offrir son aide (Poulin, 2012). Ces notions de confiance et de loyaut\\xe9 entre amis sont observables par l\'importance que les enfants accordent au fait de respecter leurs promesses ou de garder des secrets (Briand-Malenfant, 2016). Le genre est un crit\\xe8re particuli\\xe8rement important. Pendant l\'enfance, la majeure partie du temps est occup\\xe9e par des interactions avec des partenaires du m\\xeame genre (Poulin, 2012). On peut m\\xeame parler de s\\xe9gr\\xe9gation sexuelle (voir les vid\\xe9os sur notre site \\xe0 ce sujet). Les amiti\\xe9s sont aussi v\\xe9cues un peu diff\\xe9remment pour les gar\\xe7ons et les filles. Ces derni\\xe8res accordent plus d\'importance \\xe0 l\'empathie et \\xe0 l\'intimit\\xe9 (Poulin, 2012; Rubin, Coplan, Chen, Bowker et McDonald, 2011). Pour leur part, les amiti\\xe9s entre gar\\xe7ons tendent \\xe0 durer plus longtemps (Poulin, 2012). Les gar\\xe7ons amis entretiennent plus de concurrence entre eux que ceux qui ne sont pas amis, alors qu\'on observe le contraire chez les filles (Boyd et Bee, 2017). Les enfants agissent diff\\xe9remment avec leurs amis qu\'avec les autres enfants. Avec les amis, ils parlent plus, coop\\xe8rent plus et montrent plus d\'\\xe9motions positives qu\'avec les autres enfants. Les jeux entre amis sont aussi plus complexes (Rubin et al., 2011). Paradoxalement, les enfants vivent aussi plus de conflits avec leurs amis qu\'avec les autres enfants. Ceci s\'explique, entre autres, par le fait que les amis passent plus de temps ensemble et se permettent davantage d\'\\xeatre critiques (Boyd et Bee, 2017) ou en comp\\xe9tition entre eux, surtout chez les gar\\xe7ons. Il est particuli\\xe8rement int\\xe9ressant de constater que si les conflits sont plus fr\\xe9quents entre amis, les efforts pour les r\\xe9soudre et la fa\\xe7on de le faire varient comparativement \\xe0 ce qu\'on observe dans les autres relations avec les pairs. Il y a plus de n\\xe9gociation ou de renoncement \\xe0 gagner son point lorsque les conflits surviennent dans le cadre de la relation d\'amiti\\xe9. Il est aussi plus probable qu\'il y ait une solution \\xe9quitable au conflit entre amis (Rubin, Coplan, Chen, Bowker et McDonald, 2011), le souci de conserver l\'ami favorisant une affirmation de soi plus " contr\\xf4l\\xe9e ". On trouve enfin dans les interactions entre pairs l\'inverse de l\'amiti\\xe9 : on parle alors de relations antipathiques. Lors de ces relations n\\xe9gatives entre deux enfants, ceux-ci d\\xe9clarent ne pas s\'aimer (Poulin, 2012). Ce type de relation est v\\xe9cu par une minorit\\xe9 d\'enfants, soit environ le tiers d\'entre eux. Pour plus de d\\xe9tails sur les relations entre pairs, voir le texte D\\xe9veloppement de la socioalisation chez les enfants de 3 \\xe0 7 ans. Dans la premi\\xe8re partie de la vid\\xe9o, les fillettes sont \\xe2g\\xe9es de 6 ans, nous parlent des " clubs " qu\'elles forment lorsqu\'elles sont \\xe0 l\'\\xe9cole. Ces sous-groupes sont ferm\\xe9s et ce n\'est pas n\'importe quel enfant qui peut en faire partie. D\'ailleurs, Oph\\xe9lie nous dit qu\'il y a des personnes que les membres du " club " n\'aiment pas vraiment. Dans la deuxi\\xe8me partie, Thalia, qui est \\xe2g\\xe9e de 5 ans, nous parle elle aussi des clubs, et plus particuli\\xe8rement du " Club bisous ". Ce dernier comprend toutes ses amies et l\'objectif est de courir apr\\xe8s les gar\\xe7ons qu\'elle aime pour leur donner des bisous. R\\xe9f\\xe9rences Boyd, D. et Bee, H. (2017). Les \\xe2ges de la vie (5e \\xe9d.). Montr\\xe9al, Qu\\xe9bec : ERPI. Briand-Malenfant, R. (2016). L\'amour et l\'amiti\\xe9 chez les enfants. Montr\\xe9al, Qu\\xe9bec : \\xc9ditions du CHU Sainte-Justine. Bukowski, W.M., Motzoi, C. et Meyer, F. (2009). Friendship as process, function, and outcome. Dans K.H. Rubin, W.M. Bukowski et B. Laursen (dir.), Handbook of peer interactions, relationships and groups. New York, NY : The Guilford Press. Poulin, F. (2012). Recherches actuelles sur les relations entre pairs. Dans J.-P. Lemelin, M. Provost, G.M. Tarabulsy, A. Plamondon et C. Dufresne (dir.), D\\xe9veloppement social et \\xe9motionnel chez l\'enfant et l\'adolescent, les bases du d\\xe9veloppement. Qu\\xe9bec, Qu\\xe9bec : Les Presses de l\'Universit\\xe9 du Qu\\xe9bec. Rubin, K.H., Coplan, R., Chen, X., Bowker, J. et McDonald, K.L. (2011). Peer relationships in childhood. Dans M.H. Bornstein et M.E. Lamb (dir.), Developmental science: An advanced textbook (6e \\xe9d.). New York, NY : Psychology Press. Selman, R. et Schultz, L.H. (1990). Making friend in youth. Chicago, Il : The University of Chicago Press.'