Saisie d'objets chez Laurent de 4 à 6 mois

Published: April 29, 2021, 7:50 a.m.

Le développement moteur inclut entre autres le développement postural, le développement locomoteur et celui de la préhension. Ces trois aspects ne sont d'ailleurs pas indépendants, le développement dans un domaine influençant le développement dans les autres. Par exemple, la position assise donne une meilleure préhension que la position couchée sur le dos (Piek, 2006). La capacité à atteindre avec un certain succès un objet par soi-même est présente vers 3-4 mois. Il y a avant cet âge des mouvements des bras provoqués par la présence d'un objet devant l'enfant, mais qui aboutissent peu souvent à un contact avec celui-ci (on parle en anglais de " prereaching "). Ces comportements sont visibles si un adulte aide le bébé à surmonter ses difficultés posturales en le tenant correctement (Fagard, 2000). Bien qu'à 3-4 mois les bébés arrivent à atteindre les objets placés à leur portée, ces gestes sont encore maladroits et imprécis. L'objet est souvent heurté par les mains plutôt que saisi. S'il n'est pas fixé ou stable, il risque d'être balayé ou renversé de la main. Il faut attendre vers 8-9 mois pour que l'objet soit plus souvent saisi du premier coup que d'abord touché avant d'être saisi (Fagard, 2000). Le tracé de la main devient progressivement plus fluide et direct. On observe une diminution du nombre d'accélérations et de changements de vitesse au cours du geste d'approche à mesure que le bébé vieillit (Lehalle et Mellier, 2005). De même, dans les premières saisies de 4 mois, l'ouverture de la main en fonction de la taille des objets se fait après le contact avec ceux-ci. L'ouverture de la main en fonction de la grosseur de l'objet pendant le geste d'approche ne sera présente qu'à partir de 9 mois (Fagard, 2000). Lorsque les premières atteintes fructueuses d'un objet se produisent, à 3-4 mois, elles se font surtout de façon bimanuelle, c'est-à-dire avec la participation des deux mains. Par la suite, le geste d'atteindre deviendra de plus en plus unimanuel à partir de 5-6 mois jusqu'à 12 mois. À partir de 12 mois, on assiste à une résurgence des atteintes bimanuelles. Ces fluctuations s'expliqueraient à la fois par des changements neurologiques et par le développement des capacités posturales : les saisies sont bimanuelles à 3-4 mois, car l'enfant doit déplacer ses deux bras de façon symétrique pour garder son équilibre. Si on l'aide à demeurer stable à cet âge, on observe plus de saisies à une main. Évidemment, il faut garder en tête que la grosseur de l'objet, ses caractéristiques (par exemple, mou ou lisse) ou sa position relativement à l'enfant peuvent influencer la décision de le saisir à une ou deux mains, peu importe son âge (Piek, 2006). Pour une description plus détaillée de l'évolution de la préhension, voir le texte Développement de la préhension de la naissance à 2 ans. Dans la première partie de la vidéo, on peut observer Laurent, âgé de 4 mois, qui tente de saisir un objet alors qu'il est assis (il faut cependant noter qu'il est né 3 semaines avant terme : son âge " corrigé " en conséquence serait légèrement en deçà de 4 mois. Le même principe de correction s'applique aux séquences subséquentes). Lorsque sa main touche l'objet, elle est carrément fermée. Il tente ensuite de saisir des clés. Sa main, puis ses deux mains toucheront à l'objet, mais sans bien le saisir. Toujours à 4 mois, lorsque sur le dos, ses tentatives seront moins efficaces, possiblement parce que cette position est moins favorable à la saisie que la position assise. À 5 mois, la saisie d'un gros objet est beaucoup plus facile, d'abord à deux mains, puis à une main. Chacune des mains touche facilement la cible et peut aisément saisir l'objet. Lorsque finalement on lui tend une girafe à 6 mois, Laurent arrive à la saisir facilement d'une seule main. Son contrôle de la position assise est suffisamment bon pour qu'il puisse même se pencher vers l'avant pour y arriver (un adulte le soutient par ailleurs). Sa main est ouverte en anticipation du contact avec l'objet et se ferme progressivement durant les derniers moments de l'approche. Références Alexander, R., Boehme, R. et Cupps, B. (1993). Normal development of functionnal motor skills. The first year of life. San Antonio, TX : Therapy Skill Builders. Bly, L. (1994). Motor skills acquisition in the first year. An illustrated guide to normal development. San Antonio, TX : Therapy Skill Builders. Cadoret, G et Fréchette, N. (2008). Je bouge : Le développement psychomoteur de 0 à 3 ans. Dans C. Bouchard (dir.) et N. Fréchette (collab.), Le développement global de l'enfant de 0 à 5 ans en contextes éducatifs. Québec, Québec : Les Presses de l'Université du Québec. Fagard, J. (2000). Le développement des habiletés manuelles. Dans J. Rivière, Le développement psychomoteur du jeune enfant. Idées neuves et approches actuelles. Marseille, France : Solal éditeur. Lehalle, H. et Mellier, D. (2005). Psychologie du développement : enfance et adolescence, cours et exercices (2e éd.). Paris : Dunod. Paoletti, R. (1999). Éducation et motricité de l'enfant de deux à huit ans. Montréal, Québec : Gaëtan Morin.Piek, J.P. (2006). Infant motor development. Champaign, IL : Human Kinetics. Piek, J.P. (2006). Infant motor development. Champaign, Il : Human Kinetics. Rivière, J. (2000). Le développement psychomoteur du jeune enfant : idées neuves et approches actuelles. Marseille, France : Solal éditeur.