La relation d'amiti\xe9 offre un contexte tr\xe8s riche de socialisation. Elle constitue l'aspect le plus visible des relations avec les pairs pour l'enfant et le prot\xe8ge des exp\xe9riences interpersonnelles n\xe9gatives (Poulin, 2012). Par exemple, des recherches montrent que le fait d'avoir des amis peut agir comme facteur de protection pour les enfants d'\xe2ge scolaire provenant de milieux familiaux \xe0 risque (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009). De m\xeame, avoir des amis augmente la confiance en soi, favorise la r\xe9ussite scolaire (Bukowski, Motzoi et Meyer, 2009) et diminue les risques d'\xeatre victime de mauvais traitements ou d'\xeatre rejet\xe9 par les pairs (Poulin, 2012). On peut facilement d\xe9duire l'importance accord\xe9e aux amis \xe0 partir de certaines conduites des enfants, comme le fait de chercher son ami dans la cour de r\xe9cr\xe9ation, de le choisir pour des activit\xe9s ou de le consulter quant au comportement \xe0 avoir avec d'autres enfants (Briand-Malenfant, 2016). L'enfant d\xe9montre son amiti\xe9 par des comportements positifs envers l'autre et les amis se soutiennent mutuellement dans la nouveaut\xe9 (Ferland, 2004). \xc0 l'\xe2ge pr\xe9scolaire, les amis sont des camarades de jeu. D\xe8s 3 ans, les enfants montrent des pr\xe9f\xe9rences pour certains de leurs pairs (Boyd et Bee, 2017). Il arrive que l'amiti\xe9 devienne exclusive et que les deux enfants soient toujours ensemble (Ferland, 2004). La probabilit\xe9 qu'il y ait des amis mutuels, soit deux enfants se d\xe9crivant comme amis, augmente avec l'\xe2ge durant la p\xe9riode pr\xe9scolaire et sera encore plus grande lors de la p\xe9riode scolaire (Boyd et Bee, 2017). Pour une description plus d\xe9taill\xe9e sur ce sujet, voir le texte D\xe9veloppement de la socialisation chez les enfants de 3 \xe0 7 ans. Selman (Selman et Schultz, 1990) propose une th\xe9orie particuli\xe8re de l'\xe9volution des relations d'amiti\xe9, de l'\xe2ge de 3 ans \xe0 l'adolescence. D'apr\xe8s lui, l'amiti\xe9 est d'abord d\xe9termin\xe9e par la proximit\xe9 physique chez les plus jeunes, ce qu'il d\xe9signe comme le stade 0 de l'amiti\xe9 (couvrant les \xe2ges de 3 \xe0 6 ans). Selon Selman (1980), l'enfant de cet \xe2ge a de la difficult\xe9 \xe0 comprendre ce que l'autre vit. Cette limite cognitive se transpose dans sa vision de l'amiti\xe9 et il se base sur la proximit\xe9, les caract\xe9ristiques (voix, couleur des cheveux, etc.) et habilet\xe9s physiques (force, etc.) pour d\xe9terminer qui sont ses amis (Selman et Schultz, 1990). \xc0 ce stade du d\xe9veloppement de l'amiti\xe9, les enfants sont amis lorsqu'ils se voient souvent et partagent les m\xeames activit\xe9s. Par la suite l'amiti\xe9 sera d\xe9termin\xe9e par des activit\xe9s ou centres d'int\xe9r\xeat communs, pour les jeux par exemple. L'intimit\xe9, la r\xe9ciprocit\xe9 et la confiance prendront de plus en plus d'importance avec l'\xe2ge. Pour une description plus d\xe9taill\xe9e de la th\xe9orie de Selman, voir le texte Th\xe9orie de Selman concernant l'amiti\xe9. Au d\xe9but de la vid\xe9o, Charlotte nous raconte qu'on lui a demand\xe9 si elle voulait changer de groupe au CPE. Elle nous explique qu'elle a refus\xe9 parce que son amie Jeanne avait besoin d'elle. Elle pr\xe9cise qu'elle aussi est contente d'avoir une amie proche avec elle. Lorsque l'on demande \xe0 Charlotte pourquoi Jeanne est son amie, elle nous r\xe9pond qu'elle l'aime beaucoup. Elle pr\xe9cise qu'elle la connait depuis la pouponni\xe8re. Elle nous parle aussi de son jeu pr\xe9f\xe9r\xe9, qui est de jouer \xe0 la maman avec Jeanne. Lorsque l'on demande \xe0 Jeanne avec qui elle joue, elle r\xe9pond tout simplement : " Moi, c'est avec Charlotte que je joue". Tout comme Charlotte, Jeanne nous dit qu'une de leurs activit\xe9s pr\xe9f\xe9r\xe9es est de jouer \xe0 la maman. Par contre, elle n'arrive pas \xe0 nous dire pourquoi Charlotte est sa meilleure amie. \xc0 l'arriv\xe9e de Charlotte, on peut voir le visage de Jeanne qui s'illumine d'un beau sourire. Lorsque nous demandons \xe0 Charlotte pourquoi elles sont amies, elles se mettent \xe0 rire. Puis Charlotte dit : " Parce que nous \xe9tions dans les m\xeames groupes. On se voyait souvent " Selon la th\xe9orie de Selman, Jeanne et Charlotte se situent au stade 0 de l'amiti\xe9. Lorsqu'on leur demande pourquoi elles sont amies, les principales raisons \xe9voqu\xe9es sont des \xe9l\xe9ments de proximit\xe9 : elles ont \xe9t\xe9 dans le m\xeame groupe et elles se voient cinq jours par semaine. Elles partagent les m\xeames activit\xe9s et ont des attentions positives, les c\xe2lins, l'une envers l'autre. R\xe9f\xe9rence Boyd, D. et Bee, H. (2017). Les \xe2ges de la vie (5e \xe9d.). Montr\xe9al, Qu\xe9bec : ERPI. Briand-Malenfant, R. (2016). L'amour et l'amiti\xe9 chez les enfants. Montr\xe9al, Qu\xe9bec : \xc9ditions du CHU Sainte-Justine. Bukowski, W.M., Motzoi, C. et Meyer, F. (2009). Friendship as process, function, and outcome. Dans K.H. Rubin, W.M. Bukowski et B. Laursen (dir.), Handbook of peer interactions, relationships and groups. New York, NY : The Guilford Press. Ferland, F. (2004). Le d\xe9veloppement de l'enfant au quotidien. Montr\xe9al, Qu\xe9bec : \xc9ditions du CHU Sainte-Justine. Poulin, F. (2012). Recherches actuelles sur les relations entre pairs. Dans J.-P. Lemelin, M. Provost, G.M. Tarabulsy, A. Plamondon et C. Dufresne (dir.), D\xe9veloppement social et \xe9motionnel chez l'enfant et l'adolescent, les bases du d\xe9veloppement. Qu\xe9bec, Qu\xe9bec : Les Presses de l'Universit\xe9 du Qu\xe9bec. Selman, R. (1980). The growth of interpersonal understanding. New York, NY : Academic Press. Selman, R. et Schultz, L.H. (1990). Making friend in youth. Chicago, Il : The University of Chicago Press.