Revue de presse française - À la Une : suspendu(s)…

Published: March 16, 2021, 8:06 a.m.

« Comme il y a un an, nous sommes toujours dans la même posture, constate La Charente Libre : suspendus. À l’espoir d’un vaccin. À la parole présidentielle. Au temps qui se fige à force de bouleverser nos vies (…). À ces libertés qui ne tiennent plus qu’à un fil, un passeport, une auto-attestation, un couvre-feu. » Là, nous sommes suspendus à la décision de l’agence européenne du médicament, ce sera peut-être jeudi, qui devrait trancher sur le cas du fameux vaccin AstraZeneca… suspendu hier par plusieurs pays européens dont la France… « Un vaccin qu’il n’était pas question de suspendre deux heures avant, remarque encore La Charente Libre. Trois jours d’attente et de doute, c’est déjà long, mais pas autant que la confiance à reconstruire ensuite. » En effet, s’agace Libération, « il ne manquait plus que ça à la crise que traverse la planète depuis un an : une épidémie de panique liée au vaccin AstraZeneca. (…) Il a suffi d’un cas suspect, le 8 mars en Autriche, pour déclencher une véritable psychose collective. (…) La France a d’abord résisté, le Premier ministre appelant même publiquement dimanche à "avoir confiance dans ce vaccin", avant de virer casaque après que l’Allemagne a déclaré hier suspendre, elle aussi, l’utilisation de ce sérum le temps que les autorités sanitaires se livrent à une ultime vérification des contre-indications possibles. » Et Libération de s’interroger : « Emballement irrationnel ? Principe de précaution poussé à l’extrême ? Pour l’heure, aucun lien n’est avéré entre ce vaccin et les problèmes de thromboses. Quelles que soient les conclusions des autorités de santé, cette affaire risque d’avoir des conséquences dévastatrices, estime Libération. D’abord parce qu’elle va redonner de la vigueur aux anti-vaccins que l’on n’entendait plus guère tant l’envie de sortir de cette crise sanitaire est immense. Ensuite elle dynamite la stratégie vaccinale européenne qui n’avait pas besoin de ça (…). Enfin, à l’heure où le virus reprend de la vigueur poussant nombre de pays, et peut-être demain la France, à reconfiner, tout retard dans la campagne de vaccination se révélera meurtrière. » D’où ce cri de colère d’un médecin dans Le Parisien  : «Ce qui se passe est un véritable fiasco pour la campagne de vaccination. Accélérer, freiner, accélérer, freiner… On passe pour des guignols, soupire ce médecin. On a mis du temps à convaincre nos patients, on les a rassurés. Pensez-vous vraiment que si on leur dit dans deux jours, finalement, c’est bon, qu’ils reviendront facilement ? Après un tel coup de massue, il sera difficile de faire croire à la population que la vie normale, c’est pour avril ! » À la Une également, 10 ans de guerre en Syrie… « Que reste-t-il de la Syrie ? », s’interroge Sud-Ouest. « Un dictateur, des ruines et des souffrances sans nom. Depuis qu’un cessez-le-feu a gelé les combats dans la dernière poche rebelle à Idlib, le pays a quitté le devant d’une actualité qu’il avait saturée de massacres, de villes pilonnées, d’attaques chimiques, de califat djihadiste, de destructions patrimoniales, d’exodes massifs de populations civiles. Mais ce calme relatif ne promet aucun relèvement de la Syrie avant longtemps. » En effet, « comment reconstruire la Syrie après dix ans de guerre ? », s’interroge Le Monde. On est dans une impasse : « Si les Occidentaux ont bien débloqué des fonds pour venir en aide aux réfugiés, ils ont conditionné tout financement de la reconstruction à la mise en place d’une transition politique réelle, précise le quotidien du soir, et les sanctions économiques appliquées contre le régime en 2011 sont toujours en vigueur. Les Européens craignent, en effet, que l’aide à la reconstruction renforce le pouvoir d’un régime dont ils estiment que l’objectif est la répression et non la réconciliation. » Pour autant, estime L’Humanité, « la Syrie ne peut rester le terrain de jeu des puissances régionales et internationales. Pour rentrer, les millions de réfugiés ont besoin d’un pays stable dans lequel ils pourront vivre et non survivre. Cela implique que ces puissances fassent passer les intérêts du peuple syrien en premier. »