Revue de presse française - À la Une: les préparatifs et l'ambiance de noël plus ou moins perturbés

Published: Dec. 24, 2020, 8:09 a.m.

Il y a comme on dit « deux salles, deux ambiances » dans les journaux français ce matin. La Croix choisit tout d'abord de célébrer l'esprit de Noël en consacrant ses premières pages à « ces histoires qui nous lient en temps de crise », des exemples de « rapprochements solidaires », en Équateur notamment où « Maman Carmen », Carmen Carcelen, modeste vendeuse de fruits et légumes sur le marché de la ville d'Ipiales, continue avec son mari d'offrir gîte et couvert à des migrants vénézuéliens vivant dans le dénuement. Des milliers de personnes ont bénéficié de ses bons offices au point que sa maison est devenu un lieu de passage incontournable. Ce qui lui a valu un autre surnom « l'Ange de Juncal ». Autre exemple, celui de l'association Entourages en France qui met en lien via les messageries instantanées des personnes à la rue et des bénévoles pour recréer du lien social. C'est le cas pour Nicolas, jeune sans-abri qui s'est ainsi lié d'amitié avec Cléa, Guilherme, Hélène et Mathieu. Ils lui ont permis de remonter la pente de cette année difficile et Nicolas a désormais intégré le service militaire volontaire. Le Figaro est lui allé à Bethléem, haut lieu des célébrations religieuses de Noël, mais « désertée » cette année par les milliers de pèlerins qui faisaient habituellement le déplacement, en raison des restrictions sanitaires. Pas facile à vivre pour Frère Ananiasz sacristain de l'église grecque orthodoxe, qui s'il avait apprécié le calme apporté par le premier confinement, reconnaît désormais « ressentir un vide ». Vides aussi les caisses des hôteliers et des artisans locaux depuis le mois de mars. Avec une conséquence bien concrète explique Le Figaro : une centaine de familles chrétiennes palestiniennes ont pris le chemin de l'exil pour tenter de trouver une vie meilleure. En France, Le Monde s'inquiète des risques de tensions lors des réunions de famille. « Mes enfants ne passeront pas Noël avec Mamie, qui est embrigadée » : c'est avec cette citation que le quotidien titre son article. Car le grand sujet de conversation cette année, ce sera bien le Covid-19 et son corollaire, le complotisme. Pas forcément nouveau dans certaines familles mais des personnes interrogées par le journal ont vu de nombreux proches basculer à la faveur de la pandémie. Résultat, beaucoup s'attendent à grincer des dents entre la dinde et le dessert, entre partisans du professeur Raoult, antivaxx, pro-Trump et autres contempteurs de Bill Gates et de la 5G. Le Monde cite ainsi Gabriel, prénom de circonstance pour Noël, qui s'inquiète pour l'un de ses amis « qui a troqué sa croyance en Dieu pour une croyance aux théories du complot ». Libération titre de son côté « L'impair Noël » où comment à chaque moment les conversations risquent de basculer dans la franche engueulade. Et chacun réagit à sa manière : il y a donc ceux qui prennent leurs distances avec mamie et relève Libération, « passent Noël avec des gens qui partagent leur avis » et puis d'autres qui font le choix de maintenir le contact et « d'être ensemble envers et contre tout » comme l'explique Le Monde. « Patience et échange » renchérit Libération. Le Monde donne également la parole à ses lecteurs pour qu'ils lui décrivent leur monde d'après Covid-19. Un monde beaucoup fait de contact social : danser, aller au concert ou à la piscine, embrasser ses proches, voyager, se rouler dans l'herbe, dépasser les bornes, penser aux disparus... et surtout tomber les masques. C'est un inventaire à la Prévert et c'est très poétique. Libération consacre de son côté un cahier à la rétrospective de 2020 : une année éprouvante mais aussi de « solidarité, de résistance et d'inventivité ». Avec, au milieu, une courte nouvelle de l'écrivain Olivier Guez qui imagine l'année 2020 d'Emmanuel Macron qui se serait pris de passion pour L'homme-dé, livre culte de l'écrivain Luke Rinehart décédé cette année. L'histoire, en partie autobiographique est simple : le héros prend chacune de ses décisions en lançant les dés et donc en confiant sa destinée au hasard. Bon, dans le cas de l'Emmanuel Macron, d'Olivier Guez, c'est un peu cocasse. Je ne vous dis pas tout, mais cela implique Jean-Marie Bigard, des Gilets Jaunes, des chemises oranges, une nouvelle coupe de cheveux et la chanson Jump de Van Halen.