Revue de presse française - À la Une: le chaos à Washington

Published: Jan. 7, 2021, 7:38 a.m.

Le chaos, c’est le terme qui revient le plus ce matin dans la presse pour qualifier ce qui s’est passé hier dans la capitale fédérale américaine. « Trump met le feu à Washington », lance Libération. « Atmosphère de violence et de chaos dans la capitale américaine, où la certification de l’élection de Joe Biden a dû être interrompue après que le milliardaire a poussé ses partisans à marcher sur le Capitole, martelant qu’il ne "concéderait jamais la défaite". » Dans les commentaires : sidération et surtout colère… « Donald Trump, le président insurrectionnel », s’exclame Le Monde. « C’est bien à une tentative d’insurrection, incitée par le président des États-Unis en personne et retransmise en direct par les médias, que la nation américaine et le monde entier ont pu assister hier alors que des centaines de manifestants, chauffés à blanc un peu plus tôt par Donald Trump, prenaient d’assaut le bâtiment à l’intérieur duquel étaient réunies les deux chambres du Congrès pour certifier le résultat des élections. Le chef de l’exécutif les avait encouragés à marcher sur le Capitole, assurant qu’il marcherait avec eux – ce qu’il n’a pas fait – pour revendiquer une victoire dont il continue d’affirmer, contre toute évidence, qu’elle leur a été volée. » Dans le fossé… « Cette sortie de route peut-elle surprendre après les embardées de la présidence Trump ? », s’interroge Le Figaro. Non, répond le journal. « Deux mois et demi après la présidentielle, Donald Trump en est toujours à convoquer ses partisans pour une manifestation "sauvage" à Washington, sous les fenêtres d’un Congrès où ses affidés livrent leur dernier baroud (…). Il s’agit surtout de semer la pagaille et de marquer d’une tache indélébile - celle de son illégitimité supposée - la présidence de Joe Biden. Donald Trump aurait pu sortir par le haut, pointe Le Figaro, en "président du peuple" fort d’un bilan contesté mais non négligeable. Au lieu de cela, son narcissisme ayant eu raison de toute dignité, il malmène les institutions, piétine la démocratie, divise son camp et achève sa présidence dans le fossé. » Un « coup d’État » ! Les Dernières Nouvelles d’Alsace haussent encore le ton : « Ce qui se passe actuellement aux États-Unis porte un nom. C’est un coup d’État, affirme le quotidien alsacien. Un putsch fomenté par un homme aux abois, battu par le vote du peuple souverain, désavoué par la justice et qui a choisi d’incendier son pays plutôt que de renoncer au pouvoir. (…) Hier soir, Trump est devenu un président séditieux et criminel, s’exclament encore Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Le complot contre l’Amérique, c’est lui. Il devra en répondre devant l’histoire et possiblement devant les tribunaux. (…) L’incendie déclenché hier par l’apprenti dictateur va avoir des répercussions dans tout le pays. Partout des brasiers vont éclater. L’Amérique est ce matin au bord du collapse. De la perte de conscience collective, de la guerre civile et, conclut le quotidien alsacien, on n’en revient pas d’écrire ces mots-là. » La démocratie américaine abimée… Dans Le Parisien, la politologue franco-américaine, Nicole Bacharan, est sur la même ligne : « La démocratie américaine est au bord du trépas », affirme-t-elle. « Refuser par la force le résultat d’une élection qui s’est déroulée de manière régulière, cela s’apparente à un coup d’État. (…) La démocratie américaine est abîmée. Elle va survivre mais c’est très grave, ces images ont été vues partout dans le monde, montrant un pays complètement déchiré, avec des institutions qui n’arrivent pas à tenir. Ce président, conclut Nicole Bacharan, a démoli le prestige de l’Amérique. » La page va-t-elle se tourner ? Enfin, on revient à Libération qui veut croire qu’une nouvelle ère va s’ouvrir aux États-Unis, avec notamment le basculement de la Géorgie dans le giron démocrate : l’un des deux démocrates élus hier, « Raphael Warnock, pasteur afro-américain de 51 ans, est en effet le premier Noir élu pour représenter au Sénat américain la Géorgie, État sudiste façonné par l’héritage de la guerre de Sécession, la ségrégation raciale et le combat pour les droits civiques. Comme un autre symbole puissant d’une page qui se tourne. Que Donald Trump et ses adeptes le veuillent ou non. (…) Attendue fébrilement par des dizaines de millions d’Américains, l’alternance politique à Washington s’annonce donc entière, affirme encore Libération. Signe que dans cette démocratie malmenée par Trump, rongée par l’argent et minée par la polarisation, le mensonge et le complot, la mobilisation citoyenne demeure un puissant vecteur de changement. »