Revue de presse française - À la Une: la résistance face aux militaires birmans

Published: Feb. 8, 2021, 8:03 a.m.

« Moins d’une semaine après le coup d’état militaire du 1er février, des dizaines de milliers de Birmans ont défilé, ce week-end, dans les rues de plusieurs grandes villes du pays, pointe Le Monde, démontrant en masse la volonté de la population de refuser le retour de l’armée au pouvoir. (…) Au cours de la semaine écoulée, chaque soir, des concerts de casseroles, traditionnellement destinés à chasser les mauvais esprits, étaient adressés aux "diables" à casquette et galons, amorçant l’ébauche d’une protestation collective. » À lire dans Libération ce long portrait du chef de la junte birmane, le général Min Aung Hlaing… « Âgé de 64 ans, Ming Aung Hlaing, petit gabarit que ses détracteurs surnomment "kar pu" ("petit commandant"), devait prendre sa retraite cette année. Il en a décidé autrement. Pour la Birmanie, c’est fin d’une parenthèse. » Le nouveau maître du pays a connu une ascension régulière, grimpant tous les échelons de l’armée. Jusqu’à sa nomination en 2011 par la junte en place à la tête de l’armée : « Cheveux gominés, raie à gauche, lunettes rondes et souliers cirés, il présente bien. Le pays s’ouvre et entame des réformes inédites, jusqu’à l’arrivée au gouvernement d’Aung San Suu Kyi en 2016. » Violence et emprise politico-économique L’année suivante, en 2017, rappelle Libération, c’est le massacre des Rohingyas : « L’armée birmane mène une campagne de mort et de terreur contre la minorité musulmane. Une mission d’enquête des Nations unies accuse les militaires de tueries et d’"intention génocidaire". La Birmanie fait (pourtant) bloc derrière son chef de guerre, sa cote grimpe : on parle de lui pour la présidence. (…) En novembre dernier, la défaite cinglante aux législatives des pro-militaires du Parti de l’union, de la solidarité et du développement, au profit de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi, avait des airs d’humiliation. Ming Aung Hlaing avait alors dénoncé d’"énormes" fraudes, sans en apporter la preuve. » Emprise politique des militaires birmans mais aussi emprise économique… En fait, complète Libération, « pour les généraux, le combat reste le même : le pouvoir politique est le bouclier qui protège et fait prospérer leurs intérêts, économiques et très personnels. Le général Min Aung Hlaing est ainsi à la tête des deux plus grands conglomérats du pays, qui travaillent avec des entreprises étrangères cotées en Bourse comme Suzuki, Bouygues, Total ou Lafarge. En signe de ralliement, les partisans d’Aung San Suu Kyi défilent en faisant le salut à trois doigts. Il suffirait que les multinationales qui participent à l’enrichissement des militaires en lèvent un seul pour que les défenseurs de la démocratie trouvent de précieux alliés. » À la suite de ce putsch « condamnable et inexcusable », s’insurge La Croix, « bravant la peur, des dizaines de milliers de personnes sont donc descendues dans les rues ce week-end pour dénoncer la dictature » et réclamer « le retour au processus de consultation et de construction de la confiance mené ces dernières années par la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi. (…) Il faut espérer que ce fil rompu sera renoué rapidement, soupire La Croix. C’est en tout cas dans ce sens que doivent s’exercer les pressions européennes. » En France : la guerre des bandes s’intensifie À lire également ce matin cette enquête du Figaro sur la guerre des bandes en France… « Batailles rangées au couteau et à la batte de base-ball, guet-apens sauvages aux pieds des tours d’immeubles, vidéos de lynchages d’adolescents postés par bravade et pour attiser la haine… Médiatisée après sa diffusion sur les réseaux sociaux, l’affaire du jeune Yuriy, tabassé mi-janvier par une horde furieuse et laissé pour mort sur la dalle Beaugrenelle à Paris, n’est, hélas, déplore Le Figaro, qu’un épisode parmi de nombreux autres dans la guerre des bandes qui flambe à nouveau dans le pays. » Le phénomène n’est pas nouveau certes, mais il s’accentue d’année en année, relève encore Le Figaro : « Le nombre de mineurs mis en cause pour violences physiques est passé de 24 000 à 57 000 entre 1996 et 2018 ; les affrontements entre bandes ont augmenté, quant à eux, de 24% en un an ! Le délitement de l’école, de la cellule familiale, de l’autorité publique explique en partie cette explosion, affirme le journal. Le développement des réseaux sociaux, sur lesquels on se défie à distance, des regroupements à caractère territorial ou communautaire, nés d’une immigration incontrôlée, installe aussi un climat malsain, agressif, primitif. Enfin, dénonce encore Le Figaro, au cœur de cette dérive mille fois décrite, le trafic de drogue continue ses ravages. Il détruit tout sur son passage et se propage jusque dans les "beaux quartiers". »