Revue de presse française - À la Une: accélérer, amplifier, simplifier

Published: Jan. 6, 2021, 6:32 a.m.

C’est le nouveau slogan gouvernemental : après le fameux « tester, tracer, isoler » ; voici donc le « accélérer, amplifier, simplifier » ; c’est le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui a été envoyé au front hier pour marteler ce nouveau mantra… Un mantra « repris par les chevau-légers de la macronie et qui donne le coup d’envoi d’une contre-attaque, pointe Le Figaro. Stratégique, médiatique et politique. Il y avait urgence. Jean Castex a beau continuer à juger ‘stériles’ les polémiques sur la lenteur des vaccinations en France, l’exécutif a mesuré le danger qu’il y aurait pour lui à ne pas bouger rapidement. » Alors le principal objectif est bien sûr d’ordre sanitaire, relève Le Figaro : « la crainte d’une troisième vague de Covid se précise et la peur de la diffusion de la forme britannique aggravée du virus grandit. Si un seuil minimal de vaccination n’était pas atteint avant, le scénario pourrait être cauchemardesque. » Se réveiller ! « Comment piquer plus vite », titre Libération. « Alléger le protocole administratif, déléguer davantage aux collectivités locales, associer les pharmaciens, recréer des vaccinodromes… » Il faut donner un coup d’accélérateur et « la communication intergouvernementale doit être repensée, estime Libération : une bureaucratie tout en lourdeur, des décisions prises en haut sans aucune vision du terrain, et des couacs gigantesques, comme le Palais des festivals de Cannes transformé en vaccinodrome frigorifique dernier cri où rien ne manque, hormis les vaccins. Assurément, il n’est pas trop tard pour réparer ce faux départ. Mais à ce stade, prévient Libération, il est temps d’arrêter de rêver et de se réveiller dans le champ du réel, celui d’un retard humiliant qui coûte chaque jour des centaines de vies. » Comment produire plus vite ?  Il y a le problème de la distribution mais aussi celui de la production : « comment produire plus vite ? », s’interroge Le Parisien. En effet, « et si, pour accélérer le mouvement sur la campagne de vaccination, on achetait tout simplement davantage de doses ? La solution, simple à première vue, bute sur de multiples écueils, relève le journal. À commencer par la capacité de production des laboratoires capables d’en fabriquer. Si la France a ‘sécurisé’ l’achat, auprès de cinq laboratoires différents, de 67,9 millions de doses d’ici au 1er juillet, seul le duo Pfizer/BioNTech est pour l’instant autorisé à fournir ses produits dans les pays européens. Et pour l’industriel pharmaceutique, difficile d’augmenter la cadence. Son usine belge, qui livre la France à raison de 500.000 doses hebdomadaires, tourne à plein régime. (…) Le salut passe, à court terme, par la solution Moderna. C’est ce mercredi que l’Agence européenne du médicament doit adouber, sauf surprise, le vaccin du laboratoire américain, conçu sur le même modèle que celui de Pfizer/BioNTech. » L’économie en péril… En attendant, « la lenteur de la vaccination met en danger la reprise économique » : c’est ce que pointe Le Monde. « Si le pays ne parvient pas à atteindre l’immunité collective d’ici à la fin du premier semestre, il pourrait subir une série de restrictions affectant durablement l’activité. » D’ores et déjà, « la réouverture des bars et des restaurants, un temps envisagée au 20 janvier, sera repoussée. Théâtres, cinémas, salles de sport et autres acteurs de l’événementiel n’ont guère plus d’espoir. Et si le mot ‘confinement’ n’est pas encore prononcé, ‘on y vient’. (…) Un troisième confinement, et peut-être même un quatrième, voire un cinquième, s’exclame Le Monde, si le pays ne parvient pas à atteindre l’immunité collective d’ici à la fin du premier semestre en vaccinant au moins 26 millions de Français. L’objectif du gouvernement est de vacciner 14 millions de personnes parmi les plus vulnérables d’ici à juin. » Alors, « le temps presse, souligne Le Monde, une campagne trop poussive pourrait entraîner une aggravation du chômage, un endettement massif des entreprises, et les doutes persistants des ménages et du patronat sur l’avenir handicaperaient l’économie sur le long terme. (…) Au ministère de l’Économie, où l’on envisage déjà des mesures de soutien complémentaires pour les secteurs les plus sinistrés par le Covid-19, la nervosité est palpable. Mais on conserve foi en l’avenir. » Témoin cette affirmation d’un proche du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire : « la stratégie vaccinale est critiquée et elle est sans doute critiquable, mais pour le moment il n’y a pas d’inquiétude sur la reprise. »