Aujourd'hui en Europe - Mardi 23 février 2021

Published: Feb. 23, 2021, 11:13 a.m.

Débutons ce journal en évoquant les manifestations qui ont secoué plusieurs villes espagnoles la semaine dernière suite à l’arrestation d’un rappeur pour apologie du terrorisme et injure à la famille royale. De nombreux jeunes sont descendus dans la rue pour soutenir la liberté d’expression. Mais ces manifestations divisent les commentateurs et la coalition au pouvoir. Des manifestations ont éclaté en Espagne depuis mardi 16 février et notamment en Catalogne en soutien au rappeur Pablo Hasél. Pour de nombreux observateurs, ces manifestations qui ont donné lieu à des actes de vandalisme sont le symptôme d’une colère accrue chez les jeunes, durement affectés par le contexte actuel. Cette contestation a provoqué une division au sein de la coalition gouvernementale, car le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a condamné les violences alors que le parti de gauche radical Podemos, qui fait aussi partie de la coalition a, de son côté, affiché son soutien aux manifestants. Dirigeons-nous maintenant vers l’Est de l’Europe, en Géorgie. Ce pays du Caucase est en effet le théâtre d’une crise politique sans précédent et le Premier ministre Guiorgui Gakharia a démissionné pour protester contre la décision d’un tribunal d’emprisonner Nika Melia, chef du plus grand parti d’opposition, le Mouvement national uni. Tout à fait, la démission jeudi 18 février du Premier ministre issu du parti du Rêve géorgien illustre les fragilités du pluralisme dans ce petit pays du Caucase. Cette démission précipitée intervient alors que le pays connaît depuis longtemps un climat de très forte polarisation. L’opposition qui conteste le résultat des dernières législatives d’octobre 2020 réclame depuis des élections anticipées et boycotte le parlement. Une crise politique sur fond de crainte d’influence russe Oui, l’influence de Moscou est bel et bien au cœur des tensions politiques de ce pays qui rappelons-le a connu une courte guerre avec la Russie en 2008, et dont 2 régions l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie ont fait sécession depuis le début des années 1990, là aussi avec le soutien de Moscou. Le président du premier parti d’opposition Nika Melia, violemment arrêté mardi 23 février, est accusé d’avoir organisé des « violences de masses » lors des manifestations historiques de juin 2019 suite la venue d’un député russe au parlement géorgien. Les partisans de Nika Melia dénoncent une décision ‘politique’. Le fait que le jugement ait été annoncé sur la chaîne de télévision pro gouvernementale Imedi trois heures avant le juge lui-même semble donner corps à leurs accusations. Beaucoup en Géorgie voient derrière ces derniers développements la main du fondateur du parti le Rêve Géorgien, le multi milliardaire Bidzina Ivanichvili qui a fait fortune en Russie, et que l'opposition accuse de toujours contrôler le pays en sous-main même s’il s’est officiellement retiré de la vie politique. Le prochain Premier ministre est d’ailleurs un de ses fervents supporters. Photo : Jove - under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.en)