RedU T1 Ch8 Ep5
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\\nZo\\xe9 Akowa virevoltait au milieu de la piste de danse, sa robe de mousseline volait emport\\xe9e par les bras de son p\\xe8re dans une valse folle. En haut des escaliers g\\xe9ants un orchestre ne semblait jouer que pour eux et, parmi les convives de cette \\u201cGrande f\\xeate des officiers de MaterOne Centrum\\u201d, nombreux \\xe9taient les hommes que les courbes gracieuses et g\\xe9n\\xe9reuses de la jeune femme ne laissaient pas indiff\\xe9rents. Le Major Akowa, son p\\xe8re, souriait derri\\xe8re sa grosse moustache, les yeux emplis de fiert\\xe9 envers sa fille.
\\nEt Zo\\xe9 tournait, tournait..
\\nLa magie de l\\u2019instant s\\u2019estompa.
\\nLe visage noirci, en tenue de camouflage \\xe0 plusieurs m\\xe8tres en hauteur, au creux d\\u2019un noeud de grosses branches d\\u2019un grand baobab, Zo\\xe9 se r\\xe9veilla serrant son fusil comme un cavalier de valse.
\\nSon regard parcouru la jungle alentours au travers des gouttes d\\u2019eau ruisselantes de la visi\\xe8re de sa casquette.
\\nRien\\u2026
\\nA cette heure matinale et sous cette m\\xe9t\\xe9o elle risquait peu de mauvaise rencontre. D\\u2019apr\\xe8s son g\\xe9olocaliseur elle se trouvait \\xe0 plusieurs kilom\\xe8tres de sa cible: le ministre Benkana, un des membre du Gouvernement Libre de la r\\xe9bellion.
\\n\\u201cMon Colonel, je ne me sent pas apte \\xe0 accomplir cette mission.\\u201d avait-elle r\\xe9pondu \\xe0 son sup\\xe9rieur lors du dernier briefing. Celui-ci s\\u2019\\xe9tait avanc\\xe9 sous la lampe \\xe9clairant son bureau, son ombre engloutissant les multiples dossiers \\xe9tal\\xe9s sur la table.
\\n\\u201cPouvez-vous me redire ceci capitaine Akowa?
\\n-Mon Colonel, j\\u2019ai toujours servi avec ferveur la Royaut\\xe9, et mon serment de loyaut\\xe9 est ma ligne de conduite depuis que je sers sous le drapeau de MaterOne! Mais..
\\n-Mais..?\\u201d
\\nLes deux masses blanches servant de regard au Colonel disparurent, signifiant qu\\u2019il se concentrait en attendant la suite..
\\n\\u201cAllez-y, permission de parler franchement Capitaine..\\u201d
\\nZo\\xe9 d\\xe9glutit, toujours au garde-\\xe0-vous dans le bureau du responsable de sa \\u201cCellule des Missions Sp\\xe9ciales\\u201d. Ils travaillaient ensembles depuis presque trois ans et elle avait une grande confiance en lui, mais comment expliquer ce qu\\u2019elle ressentait..?
\\n\\u201cMon Colonel, j\\u2019\\xe9prouve des scrupules \\xe0 abattre un homme qui est connu comme un grand politicien juste et raisonn\\xe9. Mon p\\xe8re me parlait souvent de lui comme une r\\xe9f\\xe9rence d\\u2019honn\\xeatet\\xe9 et de droiture et.. J\\u2019ai m\\xeame vot\\xe9 pour lui il y a 2 ans avant l\\u2019invalidation des \\xe9lections et l\\u2019\\xe9tablissement de la loi Martiale dans la r\\xe9gion. Je pense que..
\\n-VOUS N\\u2019ETES PAS ICI POUR PENSER CAPITAINE!!!!\\u201d hurla le Colonel, montrant alors en plus de ses yeux blancs des canines de m\\xeame valeur..
\\nPuis, se rasseyant, il resta une minute silencieux \\xe0 regarder son meilleur agent, droite devant lui, tremblante malgr\\xe9 ses multiples exp\\xe9riences d\\u2019assassinats. Il avait toujours cru (ou voulu?) voir en elle une arme belle et mortelle. Sans doute pas aussi d\\xe9tach\\xe9e qu\\u2019il aurait fallu, trop souvent elle posait des questions quand aux raisons de sa mission, mais il r\\xe9ussissait toujours \\xe0 calmer sa conscience.
\\nMalheureusement aujourd\\u2019hui l\\u2019Etat de MaterOne \\xe9tait en danger, une s\\xe9dition \\xe0 l\\u2019\\xe9chelle plan\\xe9taire se d\\xe9roulait et il avait la possibilit\\xe9 de porter un grave coup \\xe0 l\\u2019ennemi!
\\nIl reprit d\\u2019un ton conciliant:
\\n\\u201cCapitaine Akowa.. Zo\\xe9, je crois savoir que votre p\\xe8re est un peu souffrant en ce moment non?
\\n-oui mon Colonel, une mauvaise grippe semble-t-il.
\\n-Alors je vous propose de vous enqu\\xe9rir de sa sant\\xe9 d\\xe8s ce soir et si demain il allait mieux, nous pourrions reparler de votre mission. Cela vous convient-il?\\u201d
\\nZo\\xe9 resta bouche b\\xe9e.. Elle ne pensait pas que le Colonel irait jusque l\\xe0 pour l\\u2019aider..
\\n\\u201cMerci mon Colonel, \\u201c dit-elle d\\u2019une voix pleine de reconnaissance \\u201cJe vous retrouve demain alors!
\\n-Parfais Akowa. Rompez!\\u201d conclu le Colonel en la laissant filer hors de son bureau.
\\n\\u201cAllo papa?\\u201d
\\nZo\\xe9 \\xe9tait pendue \\xe0 un des rare t\\xe9l\\xe9phone publique de la caserne, et d\\xe9pensait ses derni\\xe8res pi\\xe8ces de monnaie pour prendre des nouvelles..
\\n\\u201cOui ma fille, je suis l\\xe0! Dis donc je devrais \\xeatre plus souvent malade, tu m\\u2019appellerais plus!
\\n-Papa arr\\xeate de dire des b\\xeatises, alors le m\\xe9decin est-il pass\\xe9?
\\n-Oui, il m\\u2019a donn\\xe9 une piqure et m\\u2019a demand\\xe9 de rester au chaud et au calme une semaine en prenant des cachet qu\\u2019il m\\u2019a confi\\xe9. Il dit que si je faisais bien attention, d\\u2019ici plusieurs jours il n\\u2019y paraitra plus!\\u201d
\\nZo\\xe9 souffla, \\xe0 l\\u2019\\xe2ge de son p\\xe8re, en retraite dans deux mois, ce genre de maladie b\\xe9nigne pouvait \\xeatre mortelle!
\\n\\u201cPapa, demande \\xe0 Madame Bardon la voisine de te pr\\xe9parer un peu de soupe et..
\\n-Attend ch\\xe9rie, on vient de frapper \\xe0 la porte. Je dois aller voir de quoi il s\\u2019agit. Ne bouge pas je reviens..
\\n-Ha oui.. Ok Papa mais fait vite hein? Je n\\u2019ai plus gu\\xe8re de monnaie et..
\\n-CRAAACK!
\\n-Papa?
\\n-Mais qui etes-vous? Mais arretez o\\xf9.. HAAA!
\\n-PAPA!!!!!! PAPA REPONDS-MOI!\\u201d
\\nRien, le silence..
\\nPuis des bruits de pas sourds, et une voix au timbre de fer reprit le combin\\xe9.
\\n\\u201cZo\\xe9 Akowa?
\\n-Je.. Qui \\xeates-vous?
\\n-Pas de questions. C\\u2019est moi qui parle. Votre p\\xe8re est d\\xe9sormais aux arr\\xeat pour trahison envers la Couronne!
\\n-Mais c\\u2019est fou! Jamais mon p\\xe8re ne..
\\n-SILENCE! Si vous voulez lui \\xe9viter un quelconque malheur, concluez votre mission d\\u2019abord, et venez directement \\xe0 la prison \\u201cKing Castiks\\u201d quand tout sera fini. Vous avez sa vie entre vos mains.
\\n-QUOI? Comment savez-vous que..
\\n<clic!>
\\nOn avait raccroch\\xe9.
\\nDans le soir tombant Zo\\xe9 pressa le combin\\xe9 contre son coeur et pleura..
\\nBizarrement le Colonel \\xe9tait absent, mais une note l\\u2019attendait avec les instructions pour la mission qu\\u2019un jeune subordonn\\xe9 lui apporta, encadr\\xe9 par deux armoires \\xe0 glace visiblement sur leurs gardes.
\\nSerrant les dents, Zo\\xe9 quitta son creux d\\u2019arbre et descendit du baobab sous la pluie battante avant de s\\u2019enfoncer dans l\\u2019obscurit\\xe9 de la jungle.