Rencontre avec Cedric Gras

Published: Sept. 25, 2020, 6:49 p.m.

b'

Rencontre enregistr\\xe9e \\xe0 la librairie du Globe le 16 d\\xe9cembre 2014.

\\n
\\xab J\\u2019aime Vladivostok quand il souffle fort sur les chemin\\xe9es de Tikhaya et quand la baie de l\\u2019Amour \\xe9pouse des nu\\xe9es noires du c\\xf4t\\xe9 de la Cor\\xe9e du Nord. J\\u2019aime les cong\\xe8res qui barrent les rues l\\u2019hiver et les silences feutr\\xe9s de l\\u2019avenue de l\\u2019Oc\\xe9an apr\\xe8s les \\xe9paisses chutes de neige. J\\u2019aime le vent glacial qui enserre la t\\xeate et le bruissement des glaces pendant la d\\xe9b\\xe2cle. Ainsi que les torrents d\\u2019eau qui d\\xe9valent des hauteurs vers la mer en juin. \\xc7a me rappelle les pluies de l\\u2019Inde. Et la mauvaise saison dans les Yungas. Mais combien de fois par an Vladivostok a-t-il rendez-vous avec les \\xe9l\\xe9ments ? Combien de fois Vladivostok est-il sous le feu des projecteurs foudroyants du ciel ? Deux fois trois jours ? Trois fois ? Avant que tout ne fonde et que ne demeure jusqu\\u2019au printemps qu\\u2019une mince couche de glace grise ? Je n\\u2019ai pas fait comme Kessel les soir\\xe9es de San Francisco ni la nouba \\xe0 Honolulu ; mais apr\\xe8s l\\u2019Himalaya et m\\xeame les steppes kazakhes, quand on regarde Vladivostok on a parfois l\\u2019impression qu\\u2019on a oubli\\xe9 d\\u2019ouvrir une fen\\xeatre au carreau sale.\\xbb
\\n

Extrait de : Vladivostok, Neiges et moussons (p. 43-44, Ph\\xe9bus, 2011) Apr\\xe8s des \\xe9tudes de g\\xe9ographie men\\xe9es de par le monde et des voyages au long cours, C\\xe9dric Gras a pass\\xe9 cinq ann\\xe9es \\xe0 sillonner la Sib\\xe9rie et l\\u2019Extr\\xeame-Orient russe dont il a tir\\xe9 Vladivostok et Le Nord, c\\u2019est l\\u2019Est, tous deux publi\\xe9s aux \\xc9ditions Ph\\xe9bus. Il vit actuellement en Ukraine, o\\xf9 il dirige l\\u2019Alliance Fran\\xe7aise de Donetsk. Il est \\xe9galement l\\u2019auteur de Le C\\u0153ur et les Confins, qui est sa premi\\xe8re incursion dans la fiction.

\\n
\\xab Cette histoire m\\u2019a \\xe9t\\xe9 cont\\xe9e mille fois. On la raconte dans tous les trains, dans toutes les gares, sur les quais de chaque port. Elle se propage par les routes d\\u2019Asie et les pistes d\\u2019Afrique, elle se murmure \\xe0 la bougie dans les contr\\xe9es sans \\xe9lectricit\\xe9, elle court par les sentes des montagnes les plus recul\\xe9es, elle se confie dans les paradis des cocotiers. Elle conna\\xeet autant de d\\xe9clinaisons que de narrateurs. Elle a frapp\\xe9 les grands explorateurs comme les jeunes premiers. Elle est une exp\\xe9rience en commun \\xe0 tous ceux qui vibrent \\xe0 l\\u2019appel du lointain. Elle est redout\\xe9e comme la peste, repouss\\xe9e aux calendes grecques, et pourtant, elle est presque in\\xe9luctable. \\xbb Des Himalayas \\xe0 Montevideo, de l\\u2019oc\\xe9an glacial Arctique aux steppes de Mongolie, le voyageur ne sera jamais \\xe0 l\\u2019abri de l\\u2019amour, que ce soit celui d\\u2019un homme pour une femme ou celui d\\u2019une famille pour son fils prodigue. Il est \\xab l\\u2019un des plus grands p\\xe9rils que r\\xe9serve la route \\xbb. Ce qui pourra faire douter, renoncer ou m\\xeame \\xf4ter toute capacit\\xe9 \\xe0 jouir de l\\u2019ailleurs. L\\u2019amour et le voyage seraient-ils d\\xe9finitivement deux p\\xf4les incompatibles se d\\xe9chirant de leurs forces l\\u2019explorateur ? Douze nouvelles pour r\\xe9pondre \\xe0 cette question par l\\u2019un des grands globe-trotters de notre temps.
\\n

Extrait de : Le Coeur et les confins (Ph\\xe9bus, 2014)

\\n\\n--- \\n\\nSend in a voice message: https://podcasters.spotify.com/pod/show/librairieduglobe/message'