Nova Classic : Construcao de Chico Buarque

Published: April 29, 2020, 7 a.m.

b"\\xab\\xa0Constru\\xe7\\xe3o\\xa0\\xbb, le chef-d'\\u0153uvre po\\xe9tique et contestataire de Chico Buarque.\\n Radio Nova revisite ses propres classiques : les raret\\xe9s de tous bords qui rythment notre antenne, de la soul-funk au hip-hop en passant par les musiques afro-latines et la pop. Aujourd'hui : \\xab Constru\\xe7\\xe3o \\xbb de Chico Buarque.\\n Notre classique du jour est l\\u2019un des morceaux les plus forts, les plus embl\\xe9matiques de la musique populaire br\\xe9silienne. Une chanson devenue, \\xe0 sa parution en 1971, all\\xe9gorie de l\\u2019oppression de la dictature militaire sur le peuple.\\xa0\\n Son auteur, c\\u2019est Chico Buarque, figure du MPB, la\\xa0musica popular brasileira\\xa0n\\xe9e dans le sillage de la bossa nova. Au d\\xe9but des ann\\xe9es 1970, Buarque est d\\xe9j\\xe0 dans le viseur du pouvoir. Apr\\xe8s un long exil en Europe, il revient au pays pour y enregistrer son album le plus ambitieux, le plus politique aussi :\\xa0Constru\\xe7\\xe3o, o\\xf9 l\\u2019on trouve la chanson du m\\xeame titre, morceau-fleuve qui condense toute l\\u2019indignation de l\\u2019artiste dans un brassage provocateur de rythmes afro-br\\xe9siliens et d\\u2019orchestrations symphoniques.\\n Constru\\xe7\\xe3o, \\xe7a veut dire \\xab\\xa0construction\\xa0\\xbb, et le mot est \\xe0 prendre dans plusieurs sens. Il y a d'abord celle du b\\xe2timent au centre de l\\u2019histoire, et par extension la construction de tout le Br\\xe9sil moderne. Celui symbolis\\xe9 par Brasilia, capitale alors fra\\xeechement cr\\xe9\\xe9e de toutes pi\\xe8ces par l\\u2019architecte Niemeyer et devenue si\\xe8ge de la dictature. Il est, aussi, question de la construction de la chanson elle-m\\xeame, enti\\xe8rement \\xe9crite en alexandrins et dont la composition est r\\xe9solument \\u2014 elle aussi \\u2014 innovante.\\xa0\\n L\\u2019histoire est simple. Un ouvrier en b\\xe2timent se r\\xe9veille, embrasse sa femme et ses enfants, traverse la rue, va travailler, d\\xe9jeune, puis se jette du toit, cr\\xe9ant un bouchon au milieu de la route o\\xf9 il s\\u2019\\xe9crase. Chico Buarque nous fait ensuite revivre cette m\\xeame journ\\xe9e, encore et encore comme un supplice de Tantale, mais en intervertissant \\xe0 chaque fois la fin des phrases pour en transformer le sens. Ce qui pourrait \\xeatre un simple fait divers devient, par ce proc\\xe9d\\xe9 stylistique, all\\xe9gorie po\\xe9tique de l\\u2019absurdit\\xe9 d\\u2019un syst\\xe8me qui \\xe9crase l\\u2019homme au nom de la modernit\\xe9.\\xa0\\n Le tout dans un crescendo apocalyptique de ch\\u0153urs masculins, de cuivres et de cordes tranchantes orchestr\\xe9s par le grand Rogerio Duprat (l\\u2019arrangeur des tropicalistes), qui fait de ce\\xa0Constru\\xe7\\xe3o\\xa0un chef-d'\\u0153uvre d\\u2019inventivit\\xe9 et d'emphase. Un titre d\\u2019ailleurs \\xe9lu meilleure chanson br\\xe9silienne de tous les temps par l\\u2019\\xe9dition nationale du magazine\\xa0Rolling Stone,\\xa0et dont le propos demeure tout aussi actuel aujourd'hui.\\xa0\\n Visuel \\xa9 Getty Images /\\xa0Frans Schellekens"