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Published: Feb. 17, 2022, 8:55 p.m.

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Lecture en passant.   

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Traduit par Jean Levi, publi\\xe9 aux \\xc9ditions de l\'Encyclop\\xe9die des Nuisances, Pao King-yen a dit : \\xab L\\xe0 o\\xf9 les individus ne sont pas embrigad\\xe9s dans les corv\\xe9es collectives, l\\xe0 o\\xf9 les familles n\'ont pas \\xe0 supporter les d\\xe9penses du transport de grain, chacun jouit de son lopin et vaque \\xe0 ses occupations; on suit le rythme des saisons et on cultive selon la nature des parcelles. Tous ont de quoi se v\\xeatir et se nourrir au sein de leur famille et il n\'existe aucun conflit ni rivalit\\xe9 d\'int\\xe9r\\xeats au-dehors. Voil\\xe0 qui montre bien que le go\\xfbt des armes et de la conqu\\xeate n\'est nullement inh\\xe9rent \\xe0 la nature humaine. Lorsque des peines symboliques avaient cours personne n\'enfreignait les lois, mais sit\\xf4t que les r\\xe8glements se sont multipli\\xe9s, brigands et voleurs ont prolif\\xe9r\\xe9. Serait-ce que nos p\\xe8res n\'avaient pas l\'instinct du profit, tandis que nous sommes sp\\xe9cialement cupides et mauvais ? \\xc0 la v\\xe9rit\\xe9 il suffit que son chef soit impavide et d\\xe9tach\\xe9 pour que le peuple soit spontan\\xe9ment probe. Mais d\\xe8s lors que les humbles sont pressur\\xe9s et exc\\xe9d\\xe9s, fleurissent 1a fourberie et l\'artifice. Il n\'y aurait plus \\xe0 craindre que l\'humanit\\xe9 se livre aux exactions et \\xe0 la brutalit\\xe9 si elle s\'abandonnait \\xe0 1a nature. Mais on fait trimer le peuple sans rel\\xe2che, on le spolie sans mesure ; les champs sont en friches, les greniers vides et les m\\xe9tiers muets, en sorte que les gens n\'ont rien \\xe0 se mettre sous la dent ni sur le corps. Comment dans ces conditions s\'\\xe9tonner qu\'il y ait des troubles ? On aggrave les d\\xe9sordres en voulant y rem\\xe9dier, on renforce les interdits, sans mettre un terme \\xe0 la d\\xe9linquance, bien au contraire. Les octrois et les douanes sont cens\\xe9s faire obstacle \\xe0 la fraude, mais ils favorisent les malversations des fonctionnaires v\\xe9naux. Les poids et les mesures ont \\xe9t\\xe9 institu\\xe9s pour emp\\xeacher la tricherie, mais ils sont la b\\xe9n\\xe9diction des fripons qui s\'en servent pour tromper et berner. Les dignitaires ont pour but d\'assister le souverain dans l\'adversit\\xe9, mais les ministres f\\xe9lons n\'ont qu\'une peur, c\'est que le souverain ne soit pas aux abois. En principe les troupes ont pour mission de restaurer l\'ordre, mais partout o\\xf9 elles passent elles s\\xe8ment la mort et la d\\xe9solation. Tous ces malheurs sont le fait du prince. Les luttes s\'exacerbent en proportion du profit. Les riches et les nobles jouissent d\'immenses avantages, tandis que les biens que les humbles se disputent sont infimes et leurs querelles ne pr\\xeatent pas \\xe0 cons\\xe9quence. Ils n\'ont ni vastes territoires \\xe0 envahir, ni places fortes dont ils pourraient b\\xe9n\\xe9ficier, ni or ou tr\\xe9sors \\xe0 convoiter, ni pouvoir \\xe0 s\'arracher. Ils ne poss\\xe8dent pas l\'autorit\\xe9 permettant de rassembler autour d\'eux une foule de soldats ; ils ne disposent pas du prestige suffisant pour enr\\xf4ler sous leur banni\\xe8re des hommes remarquables. En quoi peuvent-ils se comparer \\xe0 ces souverains qui, dans un acc\\xe8s de rage, l\\xe8vent des arm\\xe9es, disposent les troupes, harc\\xe8lent des peuples innocents et agressent des pays qui n\'ont rien fait ? Ceux-l\\xe0 marchent sur des monceaux de cadavres et font couler des flots de sang. II n\'y a pas d\'\\xe9poque qui n\'ait connu un de ces princes sans foi ni loi qui mettent l\'empire \\xe0 feu et \\xe0 sang. Existe-t-il une seule principaut\\xe9 ou des sujets loyaux et probes n\'aient eu \\xe0 p\\xe2tir au-dedans, et les ossements du peuple \\xe0 blanchir au-dehors ? Comment ces trag\\xe9dies pourraient-elles se comparer avec les d\\xe9sagr\\xe9ments caus\\xe9s par les d\\xe9risoires rivalit\\xe9s entre particuliers ? On a report\\xe9 sur le prince l\'ob\\xe9issance au p\\xe8re ; on a troqu\\xe9 la pi\\xe9t\\xe9 filiale contre la fid\\xe9lit\\xe9 au chef : dans tous les cas l\'absence de prince ne peut \\xeatre pire que son existence. \\xbb

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