Qu'est-ce qu'une “ligne de désir” ?

Published: Sept. 27, 2021, 5 p.m.

Sur de nombreux points de l'espace public, les urbanistes ont pris soin de tracer des cheminements qui guident les pas des piétons. Mais les passants en créent parfois d'autres; on les appelle joliment les "lignes de désir". De nouveaux cheminements créés par les usagers Des chemins faits de dalles, soigneusement tracés entre deux pelouses, indiquent clairement au promeneur la voie qu'il doit suivre. Mais celui-ci n'en fait parfois qu'à sa tête. Si ce cheminement officiel lui paraît trop long, il prendra un raccourci, quitte à fouler l'herbe de la pelouse. Avisant ce passage naissant, d'autres passants vont l'emprunter. À force d'être piétinés, les brins d'herbe ne se redressent plus et, avec le jeu de l'érosion, finissent par disparaître. Un nouvel itinéraire est né, plus pratique. Il a reçu le nom poétique de "ligne de désir". Les piétons ne sont d'ailleurs pas les seuls à créer ces nouveaux sentiers. Des cyclistes, ou même des cavaliers, y contribuent aussi. Des passages diversement appréciés Dans les zones naturelles, l'existence de ces "lignes de désir" peut endommager la végétation. Aussi les autorités s'efforcent-elles de dissuader les promeneurs de les tracer. Pour cela, elles entourent de clôtures les secteurs sensibles ou laissent pousser une végétation dense, qui doit décourager les visiteurs de s'y engager. Par ailleurs, des panneaux leur rappellent qu'ils doivent suivre les sentiers existants. Mais ces "lignes de désir" ne provoquent pas toujours l'hostilité des urbanistes. Il leur arrive en effet d'avaliser le choix des promeneurs. Les sentiers tracés par les pas des passants sont alors pavés et deviennent donc des cheminements officiels. Dans certains cas, les autorités ne prévoient aucun réseau de sentiers dans tel ou tel secteur. Ils attendent que ces itinéraires se dessinent d'eux-mêmes, avant de les intégrer dans leur schéma de circulation. Cette pratique est plus fréquente dans les pays du nord, où la neige, qui y tombe fréquemment, conserve mieux les traces de passage. La neige permet aussi de délimiter des zones, en bordure des rues par exemple, qui, n'étant pas utilisés par les voitures, pourraient être réservées à l'usage des piétons.  


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