Qu'est-ce que le syndrome d'hubris ?

Published: Sept. 6, 2021, 5 p.m.

L' "hubris" était défini par les Grecs anciens comme un sentiment de démesure, qui pouvait modifier le comportement de celui qui en était atteint. C'est, de nos jours, le nom qu'on donne au syndrome qui peut toucher des personnes détentrices d'un pouvoir ou d'une autorité. Un syndrome qui modifie le comportement Dans un livre récent, In Sickness and in Power (Dans la maladie et le pouvoir) paru en 2008, David Owen, médecin mais aussi plus jeune ministre des Affaires étrangères britannique, observe le comportement de personnalités parvenues au pouvoir. Il constate que cette situation tend à modifier l'attitude de certains d'entre eux. Ils se montrent volontiers arrogants et développent une certaine forme de mégalomanie. En résumé, ils sont atteints du syndrome d'hubris, qui, dans le passé, a touche nombre de leurs devanciers. Plutôt narcissiques, ces personnes sont persuadées qu'elles sont faites pour exercer de telles fonctions. Et l'exercice du pouvoir, vécu comme une véritable addiction, renforce ce narcissisme latent et peut conduire à une attitude tyrannique. Au bout d'un certain temps, la personne atteinte d'hubris peut même se sentir toute-puissante et au-dessus des règles. Des substances comme la testostérone, une hormone mâle, ou, la dopamine, qui est un neurotransmetteur, joueraient un rôle essentiel dans l'apparition du syndrome d'hubris. Il ne concerne d'ailleurs pas que les dirigeants. Chacun, dans ses relations de travail ou sa vie familiale, peut en ressentir les effets. Comment lutter contre l'hubris? La personne narcissique, imbue d'elle-même, peut être ramenée à un plus juste sentiment de sa valeur par l'expression d'une saine critique. Aussi a-t-on tout intérêt à susciter, dans l'entourage des personnes atteintes du syndrome d'hubris, une certaine opposition, qui les contraint à se confronter à la réalité. L'organisation même du pouvoir, dans un État ou une entreprise, peut en atténuer les manifestations. Un terme au mandat exercé, connu d'avance, ou l'impossibilité d'une réélection, peuvent limiter l'hubris d'un dirigeant politique ou d'un chef d'entreprise. De même, les relations très hiérarchisées favorisent l'exercice d'une autorité sans partage, qui peut conduire à des abus de pouvoir. Une organisation plus horizontale dilue davantage l'autorité et facilite la collaboration entre les tenants d'un pouvoir plus collectif. Peut aller dans le même sens la règle de l'alternance au pouvoir, comme en Suisse.  


See acast.com/privacy for privacy and opt-out information.